BOUDDHISME (Les grandes traditions) Bouddhisme chinois
Les sectes bouddhiques
La diversité des courants bouddhiques à partir du iie siècle, le prestige de certains centres étrangers (ainsi, les écoles cachemiriennes dans la première moitié du ve siècle, l'université bouddhique de Nālandā au Bengale au viiie siècle) et les tendances propres aux différents milieux de la société chinoise sont à l'origine de la formation de différentes écoles et sectes bouddhiques en Chine à partir des environs de 400.
Écoles et sectes
On doit distinguer les écoles savantes qui se constituent dans certains centres monacaux et les sectes qui ont une plus ou moins large audience dans les milieux lettrés ou populaires. Les premières sont directement influencées par la philosophie bouddhique indienne : c'est le cas de l'école idéaliste Vijnānavāda (en chinois faxiang) que fit connaître à Chang'an le grand maître Xuanzang à son retour des Indes, et dont la thèse fondamentale est que tous les phénomènes sont pure création de l'esprit ; c'est le cas également de l'école Mādhyamikā (ou du Chemin moyen) qui affirmait tout ensemble la vacuité absolue et la réalité relative des choses. Certains religieux spécialistes de l'Abhidharmakoça, vaste traité de scolastique bouddhique d'origine cachemirienne, ou spécialistes des traités de discipline monacale (Vinaya) ont été également considérés comme appartenant à des écoles particulières. En outre, le bouddhisme mystique et magique du Tantra (en chinois mijiao), très en vogue au Bengale au viiie siècle, fut répandu dans les milieux de la cour des Tang, dans la seconde moitié du viiie siècle, par le moine indien Amoghavajra (Bukong). Cette forme magique du bouddhisme devait pénétrer plus tard au Tibet et y jouer un rôle déterminant dans la formation du lamaïsme.
Mais ces écoles savantes ne peuvent être considérées comme des sectes en raison de l'audience très limitée qu'elles ont eue. Les grandes sectes bouddhiques chinoises apparaissent, au contraire de ces écoles, en rapport avec des cultes importants et de grandes figures du bouddhisme du Grand Véhicule : Mile ( Maitreya), le Buddha de l'avenir dont la venue doit amener dans ce monde la Grande Paix (Taiping) ; Amito ( Amitābha), le Buddha d'infinie lumière ou d'âge infini qui règne sur le paradis d'Occident et dont le symétrique, situé à l'est, est Dizang ( Kṣitigarbha), Buddha rédempteur des enfers, qui a connu une fortune immense au Japon où il est connu sous le nom de Jizō ; il est adoré aussi en Chine au mont Jiuhuashan, au Anhui. Ce sont aussi les Bodhisattva (pusa) Wenshushili (Manjuçrī), dont les apparitions sont censées se produire aux Wutaishan, montagnes du nord-est du Shanxi ; Puxian (Samantabhadra), qui se manifeste sur le mont Emei, au Sichuan ; Guanyin (Avalokiteçvara), la Kannon japonaise, Bodhisattva sauveur et compatissant conçu en Chine sous des apparences féminines et adoré en particulier dans l'île de Putochan, sur les côtes nord-est du Zhejiang ; Weimojie enfin (Vimalakīrti), le saint laïc du célèbre Weimojing (Vimalakīrtinirdeça).
Sectes et textes sacrés
Des textes sacrés du bouddhisme, les Chinois n'ont retenu qu'un petit nombre (et parfois certains chapitres de sūtra) dont le succès a été immense : Lotus de la Vraie Loi (Fahuajing, en sanskrit Saddharmapundarīka), Jingangjing (Vajracchedikā, sūtra de la Sapience de diamant), Banroxinjing (Prajnāpāramitāhrdaya), sūtra de Vimalakīrti, sūtra d'Amitābha... Certains apocryphes ont connu un très large succès. C'est par l'importance attachée à tel ou tel texte célèbre que se distinguent les grandes sectes bouddhiques chinoises.
Les deux plus importantes sont celles de la Terre pure et du chan. La première (Jingtujiao) a pour texte fondamental le Wuliangshoujing (Sukhāvatīvyuha), qui a trait au Buddha[...]
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Écrit par
- Jacques GERNET : professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut
- Catherine MEUWESE : diplômée de Chinois et de russe à l'École nationale des langues orientales, licenciée de chinois, diplômée de l'université de Pékin
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