BOUDDHISME (Les grandes traditions) Bouddhisme chinois
Bouddhisme et civilisation chinoise
La pénétration et le triomphe du bouddhisme entre le ive et le xe siècle ont eu en Chine des effets profonds qui intéressent tous les secteurs de l'activité humaine et de la pensée. Le bouddhisme introduit en Chine la notion de rétribution et la croyance aux renaissances animales, la foi dans les vertus éminentes du don et de la compassion, la croyance aux effets magiques de la répétition orale, écrite et figurée, des vœux, des formules, des textes et des images, l'idée de la multiplicité infinie des temps et des espaces, le goût, étranger à la tradition chinoise, de l'ornementation, du luxe et du grandiose. Les communautés bouddhiques apportent en Chine des pratiques financières d'origine indienne (prêt sur gage, vente aux enchères, loterie) et y développent des institutions de secours social (dispensaires, hôpitaux, hospices, cimetières pour les pauvres, distribution de secours aux nécessiteux, rôle hôtelier des monastères dans les régions de pèlerinage, construction de routes, ponts, écoles...). Des éléments de la médecine indienne pénètrent ainsi en Chine.
L'influence du bouddhisme s'est fait également sentir dans le domaine littéraire, qui s'est à la fois enrichi d'innombrables thèmes d'origine bouddhique et de nouvelles formes. Les saynètes mimées et accompagnées d'illustrations figurées qui sont connues sous le nom de bianwen comportent une alternance de récitatifs et de chants qui sera caractéristique du théâtre chinois. L'usage de la langue parlée dans les prêches vulgaires (sujiang) et dans les conversations de maîtres bouddhiques (yulu) constitue une autre innovation. Enfin, il est probable que la science phonétique chinoise est née, au ve siècle, des problèmes que posait la transcription des termes indiens et des formules magiques (mantraet dhāranī).
Mais c'est surtout le domaine des arts (musique, sculpture, architecture, peinture) qui a été profondément renouvelé par les apports des pays bouddhisés de l'Asie centrale et des confins indo-iraniens. La tour-reliquaire à étages, seul type de construction en hauteur en Chine, l'emploi de la pierre, la grotte bouddhique, la fresque murale témoignent tous de ces influences.
La foi bouddhique est à l'origine d'une immense floraison artistique qui atteint son apogée entre la fin du ve et la fin du viie siècle. C'est à cette époque que sont creusés dans toute la Chine du Nord de nombreux sanctuaires rupestres dont les statues, souvent colossales, sont taillées à même le roc. Rappelons seulement les deux sites célèbres de Yungang (fin du ve s.), près de Dadong dans le nord du Shanxi, et de Longmen, près de Luoyang au Henan, dont les sculptures datent des vie et viie siècles.
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Écrit par
- Jacques GERNET : professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut
- Catherine MEUWESE : diplômée de Chinois et de russe à l'École nationale des langues orientales, licenciée de chinois, diplômée de l'université de Pékin
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