BOUDDHISME (Les grandes traditions) Bouddhisme chinois
Après le IXe siècle
La fermeture des routes d'Asie centrale, contrôlées d'est en ouest par les Ouigours, les Tibétains et les Arabes après le milieu du viiie siècle, la réaction nationale et antibouddhique qui s'amorce avec Han Yu (768-824) et enfin la proscription des religions étrangères qui intervient entre 842 et 845 portent un coup sévère à l'essor du bouddhisme en Chine. Nombre de chefs-d'œuvre de l'art bouddhique sont détruits à ce moment ; les communautés religieuses, si riches et si actives au viiie siècle, sont dispersées et ruinées ; la plupart des sectes, et en premier lieu les plus savantes et les plus lettrées, ne résistent pas à l'épreuve. Enfin, le syncrétisme entre bouddhisme et autres courants religieux fera dès lors de grands progrès dans les milieux populaires. Des sectes millénaristes, souvent animées par la croyance à la venue de Maitreya (secte du Nuage blanc et surtout secte du Lotus blanc), inspireront des mouvements d'insurrection importants depuis la fin de l'époque mongole au xive siècle jusqu'au début du xixe siècle.
Mais l'influence du bouddhisme ne cessera pas pour autant de se faire sentir dans la vie intellectuelle chinoise. Le mouvement réformiste néo-confucéen des xie-xiie siècles est profondément influencé, sans que ses promoteurs en aient une claire conscience, par la philosophie bouddhique, qui a ainsi marqué de son sceau toute la pensée orthodoxe chinoise entre les Song et la fin de la dynastie mandchoue. D'autre part, les grandes œuvres de la littérature bouddhique telles que le Lotus de la Vraie Loi et les traditions taoïsantes de la secte chan – la seule qui ait conservé depuis les Song (xie-xiie s.) une certaine vitalité – ont inspiré les critiques littéraires et les penseurs de la fin des Ming. Il y a même eu un renouveau du bouddhisme dans la Chine des années 1920-1949.
Les transformations contemporaines sont en train de porter le dernier coup à une religion qui était déjà moribonde en Chine, mais qui reste toujours vivante au Japon. Les activités de l'Association bouddhique chinoise, créée en 1953 par la république populaire de Chine, se bornent essentiellement à la restauration et à la conservation des monuments religieux qui font partie du patrimoine national, et les tendances actuelles conduisent à une disparition totale des communautés, des pratiques et des conceptions bouddhiques. On note cependant un peu plus de tolérance à l'égard des pratiques individuelles depuis la liquidation des séquelles de la révolution culturelle.
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Écrit par
- Jacques GERNET : professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut
- Catherine MEUWESE : diplômée de Chinois et de russe à l'École nationale des langues orientales, licenciée de chinois, diplômée de l'université de Pékin
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