BOUDDHISME (Les grandes traditions) Bouddhisme indien
Le bouddhisme propose à l'homme trois refuges, le Buddha, sa doctrine et sa communauté. Les trois ont leur histoire, longue de deux millénaires et demi : la représentation de la personne du premier a toujours évolué, les conceptions doctrinales ont été en perpétuelle mutation, la communauté a eu son développement propre en fonction de ces conceptions et des circonstances extérieures politiques ou autres. Le Buddha, d'abord, est un personnage historique. Mais l'histoire lui a construit une légende aux multiples versions. Elle a transformé son statut en le divinisant, en le multipliant même en un panthéon d'êtres surnaturels. La doctrine, qui, au début, est surtout une psychologie et une morale pratique, s'est au cours des âges intégrée à des métaphysiques et s'est entourée de dialectique. Enfin, la communauté des premiers disciples et fidèles s'est divisée en de nombreuses branches, répandue dans toute l'Asie, et organisée de diverses façons.
Le bouddhisme n'a jamais été une religion unique et structurée d'un état en Inde. Il s'est développé comme un courant parmi d'autres, védique, brahmanique, tantrique, etc. Les pouvoirs politiques le soutenaient diversement et jamais exclusivement. Il a toujours dû composer avec d'autres courants. Il a échangé des influences avec eux, s'est heurté parfois à eux. Son histoire en Inde s'étend sur un peu plus d'un millénaire et demi, depuis sa fondation par le Bouddha, sans doute au ve siècle avant J.-C., jusqu'au xiie siècle après. Ensuite, il décline rapidement et ne survit qu'à l'état de trace pendant quelques siècles. À l'époque contemporaine apparaissent quelques signes de reviviscence.
Histoire
De l'extinction du Buddha à Kaniṣka
De nos jours, les bouddhistes de Sri Lanka et de l'Asie du Sud-Est placent l'« extinction » (nirvāṇa) du Buddha en 543 avant J.-C. La critique moderne propose plusieurs hypothèses, en fonction, d'une part, de la date du sacre d' Aśoka (257 ou 267 av. J.-C.) et, d'autre part, d'une donnée de la tradition singhalaise qui place deux cent dix-huit ans entre le nirvāṇa et ce sacre ou des sources sanskrites et chinoises qui donnent seulement cent ans pour le même intervalle, ce qui donne : 476 ou 486 dans le premier cas, 357 ou 367 dans le second. La date de 476 est souvent retenue, mais reste une hypothèse encore critiquée.
Les débuts de l'histoire du bouddhisme ne sont documentés que par des traditions postérieures auxquelles l'historien moderne ne peut accorder une totale confiance. Elles montrent au moins la formation d'une communauté à partir des premiers disciples du Buddha, leur souci d'organiser le culte de leur maître en gardant des reliques et en inaugurant la fréquentation des lieux sanctifiés par ses actes et surtout leur effort de recueillir et préserver son enseignement. La tradition d'un premier concile à Rājagṛha, juste après le nirvāṇa du maître, n'est peut-être pas très sûre. Il aurait été la première activité de rassemblement des paroles du Buddha et le point de départ d'une transmission orale, reposant entièrement sur la mémoire, qui a dû durer plusieurs siècles, avant la fixation du Tipiṭaka pāli, généralement située par les historiens à Ceylan aux environs de l'ère chrétienne. Des listes tardives de patriarches, divergentes selon les sources, sont de valeur historique peu sûre, mais doivent refléter la constitution de traditions localisées sur une vaste étendue, ce qui implique l'expansion rapide de la religion.
Un deuxième concile eut lieu à Vaiśālī, environ un siècle après le premier. Il aurait été l'occasion de confronter des divergences sur des points de discipline monastique, concernant surtout la nourriture, et sur des points de doctrine, notamment[...]
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Écrit par
- Jean FILLIOZAT : membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France
- Pierre-Sylvain FILLIOZAT : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
Classification
Média
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