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BOUDDHISME (Les grandes traditions) Bouddhisme japonais

La modernité

La séparation du bouddhisme et du shintō

La Restauration de Meiji, en 1868, apporta de profonds bouleversements dans la situation du bouddhisme japonais. Les attaques des partisans des études nationales s'étaient faites plus violentes et culminèrent avec le mouvement haibutsu kishaku (« destruction du bouddhisme »), qui accompagna la séparation forcée du bouddhisme et du shintoïsme (shinbutsu bunri). Dès l'époque de Kamakura, des théoriciens du shintō avaient proclamé la supériorité de celui-ci sur le bouddhisme et avaient notamment inversé l'idée du honji suijaku en proclamant que ce sont les kami qui étaient l'entité primordiale et les buddha et bodhisattva les émanations secondaires (shinpon butsujaku) ; l'aboutissement logique en était le rejet du secondaire, du non-japonais, au profit de la religion nationale liée directement à la maison impériale. Dans certaines provinces, on limita à un par secte le nombre des monastères ; il y eut des autodafés de sūtra, des ventes de biens religieux, etc. La phase violente, mal accueillie par le peuple, qui prit parfois la défense du bouddhisme, dura peu ; mais la rupture entre les deux religions était consommée. Il fut dès lors impossible de rendre un culte bouddhique aux divinités japonaises, toute trace en étant extirpée des monastères ; et les prêtres shintoïstes devaient désormais se garder de tout syncrétisme. Il faut d'ailleurs ajouter qu'une même coercition s'exerçait sur les petits sanctuaires shintō qui n'étaient pas intégrés dans les sectes officiellement reconnues. Le shintō restauré devenait culte national, qu'il était interdit de qualifier de religion, afin de prévenir toute objection des bouddhistes et des chrétiens à l'endroit de son observance ; la liberté religieuse était, par ailleurs, garantie, et ce fut l'époque de l'émiettement des sectes anciennes en de nombreuses branches qui tinrent à prendre leur indépendance.

L'essor des études bouddhiques

L'introduction des idées occidentales confronta les clercs à de nouvelles méthodes d'étude et de recherche dans le domaine religieux, qui était alors en pleine rénovation en Europe et dont ils comprirent rapidement la portée. Le Jōdo-shinshū envoya ainsi dès 1876 deux religieux étudier en Angleterre le sanscrit et le pāli auprès du grand indianiste Friedrich Max Müller ; l'un des deux était Nanjō Bun.yū (1849-1927), qui, de retour dans son pays, y développa par son enseignement et son œuvre la bouddhologie moderne. L'un des plus beaux fleurons en fut la publication du « Canon bouddhique révisé de l'ère Taishō » (Taishō shinshū daizōkyō), sous la direction de Takakusu Junjirō (1866-1945) ; c'est l'instrument indispensable des études bouddhiques. La redécouverte du bouddhisme indien n'alla pas sans répercussion sur la religiosité : il apparaissait que les traductions chinoises des écritures, sanctifiées par la tradition, pouvaient parfois différer de l'original, ou des versions tibétaines ; l'existence de l'antique école du Theravāda, fondée sur une tradition très différente du Grand Véhicule, amena quelques esprits critiques à soutenir que le Mahāyāna n'avait pas été enseigné par le Buddha, mais n'était qu'une invention tardive (daijō hi-bussetsu) et que les sūtra chinois étaient sans valeur.

On vit apparaître des mouvements de réforme à l'intérieur des sectes et la grande revue Chūō kōron, encore prospère de nos jours, fut fondée en 1887 par des moines et des intellectuels bouddhistes. Les grandes sectes tinrent aussi à avoir des universités où seraient formés leurs religieux, mais qui dispenseraient également un enseignement laïque ; il y eut ainsi l'université Otani pour le Jōdo-shinshū, Komazawa pour le Sōtō-shū, Taishō pour le Tendai,[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, section des sciences religieuses

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Média

Bouddhisme japonais - crédits : fitopardo/ Moment / Getty Images

Bouddhisme japonais

Autres références

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    Le mot « Avalokiteśvara » vient du sanskrit ava, de haut en bas ; lokita, racine lok, voir, regarder ; īśvara, seigneur, maître, donc « Seigneur qui regarde d'en haut », sous-entendu « avec commisération » ; il est appelé aussi Lokeśvara (loka, monde visible, īśvara). La...

  • BAREAU ANDRÉ (1921-1993)

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    André Bareau a été la totale incarnation des vertus que requiert l'étude approfondie du bouddhisme et de celles qu'elle est susceptible d'apporter en retour. Né en 1921 à Saint-Mandé, il passa à dix-sept ans le concours de l'école normale d'Auteuil et s'y prépara au métier d'instituteur, mais son attirance...

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