BOUDDHISME (Les grandes traditions) Bouddhisme tibétain
Culte et rituels
C'étaient aussi les religieux qui avaient la charge d'accomplir la majeure partie du culte : les laïcs assistaient occasionnellement aux cérémonies, mais n'y participaient pas. Leur rôle se bornait à être les donateurs qui fournissaient l'argent ou les denrées nécessaires à la subsistance du clergé ou aux rituels ; ils étaient aussi les « patrons » qui commandaient des cérémonies pour les divers événements de leur existence : cycle de la vie, exorcismes en cas de malheur ou de maladie, préparation d'un voyage... ou, simplement, pour accumuler des mérites. Ces rituels pouvaient se dérouler dans la demeure du « patron » laïc ou au monastère et, suivant la richesse et la générosité du commanditaire, mobiliser un ou plusieurs ou même tous les religieux, pendant un nombre de jours plus ou moins grand. En dehors de ces cérémonies occasionnelles, les religieux étaient astreints à un calendrier liturgique, comme on l'a vu plus haut. Un petit nombre de fêtes, commémorant généralement les grands événements de la vie du Buddha, étaient célébrées à l'unisson par toutes les écoles : naissance du Buddha, grand miracle de Shrāvastī... Des fêtes particulières à chaque école s'y ajoutaient : événements marquants de la vie de leur saint fondateur, Tsong-kha-pa pour les dGe-lugs-pa, Padmasambhava pour les rNying-ma-pa, par exemple, ou culte particulier rendu à la divinité protectrice (yi-dam) principale de l'école. Enfin, à l'intérieur d'une même école, le calendrier liturgique variait d'un monastère à un autre, selon sa vocation propre : rituel, études... et les instructions de son fondateur. Dans les monastères-universités dGe-lugs-pa, l'exécution des rituels était laissée à un collège particulier, celui des mantra(sngags-kyi grva-tshang). Bien que les étudiants fussent théoriquement astreints à assister aux grandes assemblées journalières, ils pouvaient s'en dispenser pour étudier.
Les rituels sont multiples ; ils défient le classement, car ils vont de la méditation solitaire aux célébrations les plus complexes, les actes cultuels s'imbriquant les uns dans les autres. Ils forment souvent des cérémonies fastueuses qui peuvent durer plusieurs jours, ou même plusieurs semaines, dans le cas des initiations aux textes. Les choses se compliquent encore du fait que, pour la même divinité, de nombreuses traditions liturgiques, issues d'une révélation particulière ou découvertes sous forme de « texte-trésor » chez les rNying-ma-pa et les Bon-po, sont transmises et pratiquées. Parmi les rituels qui impliquent la Communauté, quel que soit le nombre effectif des participants, on peut distinguer grossièrement entre ceux qui relèvent des sūtra et ceux qui relèvent des tantra ; et, dans ces deux catégories, ceux qui sont (théoriquement) récités par cœur sur une psalmodie monotone et ceux qui sont chantés avec accompagnement d'instruments musicaux spécifiquement religieux : conques, grandes trompes, tambours, hautbois, gongs, cymbales. En principe, les célébrants exécutent tous les rituels en méditation.
La typologie est directement héritée du bouddhisme indien, mais les mêmes termes recouvrent parfois des réalités différentes, héritage probable de la religion prébouddhique. Ainsi, l'offrande aux mânes, bali, est bien traduite par le terme qui signifie « jeter en éparpillant » : gtor-ma ; mais le mot désigne ce qu'il est convenu d'appeler « gâteaux sacrificiels », aux formes et couleurs différentes selon la divinité dédicataire du rituel. D'autres rituels semblent n'avoir pas eu de correspondants dans le bouddhisme indien, tels le bsangs, fumigation de genévrier destinée aux dieux du sol, ou les spectaculaires danses masquées (cham), déjà célèbres en Occident.
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Écrit par
- Anne-Marie BLONDEAU : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, section des sciences religieuses (religions tibétaines), responsable de l'U.A. 1229 du C.N.R.S. (langues et cultures de l'aire tibétaine)
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