BOUKHARA
Chef-lieu de la région homonyme de la république d'Ouzbékistan, Boukhara (Bukhārā) est située dans le delta du Zeravchan (Zarafshān), sur le canal de Shākrūd. La région de Boukhara (1 534 900 hab. en 2002), qui comprend la vallée inférieure du Zeravchan et une partie du désert du Kimirekkum, est bien reliée au reste du pays. Son économie repose sur l'agriculture (coton, fruits, sériciculture), sur l'élevage (moutons karakul, bovins) et sur l'industrie légère (tanneries, filatures, habillement) ou lourde (le complexe de Boukhara-Khiva exploite le gaz naturel, qui est envoyé par gazoducs vers l'Oural, la Russie centrale et les États voisins). L'artisanat local (tapis, broderies, dinanderie) se maintient. La légende attribue la fondation de Boukhara à l'antique roi-héros iranien Syāvouch, dont le culte est attesté à haute époque. Avant de devenir le khānat de Boukhara au xvie siècle, la région (antique Sogdiane, puis Transoxiane) avait été habitée par les Saka, puis occupée tour à tour par les Yuezhi, les Huns Hephtalites et les Turcs. Centre religieux iranien important surtout pour son accueil aux réfugiés persécutés par les Sassanides (chrétiens, bouddhistes, manichéens), la région devint un foyer de vie intellectuelle à l'époque islamique, d'abord sous les Sāmānides (xe s.) puis sous les Turcs Qarakhānides (xie-xiie s.) Après une nette régression à l'époque mongole, elle se releva sous les Tīmūrides et connut sa plus grande importance sous les Ouzbek Shaybānides (xvie). Elle ne retomba pour un temps dans l'orbite persane au xviiie siècle que pour devenir l'objet de la rivalité anglo-russe au xixe siècle et finir par être englobée dans l'Empire tsariste, puis dans l'U.R.S.S. (République populaire, en 1920 ; soviétique, en 1924), avant de devenir un État indépendant en 1991. De nombreux témoins de la gloire passée de la ville de Boukhara sont encore visibles (mausolée d'Ismā‘īl Sāmānī, minaret Kalyān, les madresā Ulugh Beg et ‘Abd al-‘Azīz, etc.). Sa population très mélangée (prédominance d'Ouzbek, minorités de Tadjik, de Russes et de Juifs), s'élevait à 237 900 habitants en 1999.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean CALMARD : chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe section)
Classification
Médias
Autres références
-
ISLAM (Histoire) - Le monde musulman contemporain
- Écrit par Françoise AUBIN , Olivier CARRÉ , Nathalie CLAYER , Encyclopædia Universalis , Andrée FEILLARD , Marc GABORIEAU , Altan GOKALP , Denys LOMBARD , Robert MANTRAN , Alexandre POPOVIC , Catherine POUJOL et Jean-Louis TRIAUD
- 31 426 mots
- 12 médias
...deux institutions pédagogiques, situées l'une et l'autre dans les deux villes les plus prestigieuses de la grande tradition islamique d'Asie centrale : à Boukhara, une madrasa d'un niveau équivalent au secondaire et au premier cycle universitaire, ouverte en 1945 ; à Tachkent, une madrasa de niveau... -
ISLAM (La civilisation islamique) - L'art et l'architecture
- Écrit par Marianne BARRUCAND
- 16 014 mots
- 19 médias
-
NAQSHABANDIYYA
- Écrit par Vincent MONTEIL
- 353 mots
Confrérie religieuse musulmane, centrée sur la ville de Bokhārā (en Ouzbékistan soviétique), où le fondateur est mort et fut enterré en 1388, la Naqshabandiyya est un ordre asiatique — à l'exception des Comores (Anjouan) et, à partir du xvie siècle, des Serbes islamisés de Yougoslavie...
-
OUZBÉKISTAN
- Écrit par Edward ALLWORTH , Encyclopædia Universalis , Arnaud RUFFIER , Julien THOREZ et Anne TOURNEVILLE
- 7 670 mots
- 2 médias
...dont Boukhara, Khiva, Samarkand et Khujand, et ils installèrent leurs nombreuses tribus dans le Mawaraunnahr, le Khorāsān et les territoires adjacents. Mụhammad Shaybani fonda et donna son nom d'adoption à la puissante dynastie shaybanide, qui gouverna pendant un siècle depuis sacapitale, Boukhara. - Afficher les 9 références