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BOUN OUM (1911-1980)

Mêlé, comme chef de l'extrême droite, à la vie politique laotienne pendant près de quarante ans, le prince Boun Oum a été un des grands vaincus de la guerre d'Indochine.

Issu d'une des deux familles souveraines du Laos, Boun Oum, né le 11 décembre 1911, était le fils du Chao (prince) Nhouy qui, en 1899, avait succédé à son père comme prince et gouverneur du Bassac (ou Champassak). Après des études secondaires au lycée français de Saigon, il entre dans l'administration coloniale où il occupe des emplois de commis et de secrétaire avant d'accéder aux fonctions de chef de district.

Peu intellectuel, il ne fréquentait guère la petite intelligentsia lao où déjà le nationalisme se manifestait.

Lorsque, en mars 1945, les Japonais renversent l'administration française au Laos, Boun Oum rejoint les guérillas et la résistance du sud du Laos où, avec des unités franco-laotiennes, il tiendra jusqu'à la capitulation nippone. Le Bassac devient alors la base de la reprise en main du Laos par les Français. C'est de Pakse, sa capitale, qu'ils partiront pour reprendre Vientiane et en chasser le gouvernement nationaliste Lao Isara (antifrançais, pro-thaï et pro-vietnamien) qui s'y était constitué en septembre 1945.

Pour récompenser de sa fidélité le roi de Luang Prabang, la France va réaliser au profit de celui-ci l'unification du Laos. Boun Oum accepte de se sacrifier. Par le modus vivendi franco-laotien du 27 août 1946, l'ensemble du Laos (y compris le Bassac) est placé sous l'autorité directe du roi. Mais s'il doit ainsi « renoncer à faire valoir ses droits de souveraineté sur le Champassak », Boun Oum conserve le titre héréditaire de Chao et il est nommé à vie inspecteur général du royaume, dont il sera ainsi le second personnage.

Le nationalisme progresse néanmoins au Laos comme dans le Vietnam voisin. Pour négocier un traité qui donne aux Laotiens quelques satisfactions en ce domaine, les Français ont besoin d'un homme de confiance : ce sera Boun Oum. Le 18 mars 1949, il est nommé Premier ministre et la « Convention générale » qu'il signe le 19 juillet fait du Laos un État associé à la France, « indépendant dans le cadre de l'Union française ».

Ce statut sera jugé suffisant par la majorité (conservatrice) du gouvernement Lao Isara réfugié à Bangkok, qui décide de se dissoudre (24 octobre 1949). Plusieurs de ses membres, comme le prince Souvanna Phouma, rentrent à Vientiane. C'est le retour au bercail de tous les nationalistes modérés qui acceptent de jouer le jeu avec la France contre Hô Chi Minh et ses alliés. C'est apparemment un grand succès politique pour Boun Oum. Cependant, à peine a-t-il terminé ce qu'on attend de lui (il signe le 6 février 1950 avec la France vingt-trois conventions particulières qui complètent l'indépendance et entraînent la reconnaissance de son gouvernement par Washington et Londres) qu'il est remercié et remplacé par le chef de la faction proaméricaine, Phoui Sananikone. Boun Oum se retire alors à Pakse, dans son fief, et commence à édifier ce qui va devenir une immense fortune. Il possède de grands domaines fonciers (terres et forêts) qu'il agrandira encore. Il va étendre ses intérêts aux mines et fonderies d'étain, aux cimenteries, aux transports, à l'import-export, à la distribution, à l'immobilier. Lié aux intérêts économiques français, thaïlandais et américains, grand féodal, richissime comprador du Sud, il ne cache pas qu'il lui faut un ordre politique qui lui garantisse sa position. Aussi prend-il parti contre le prince Souvanna Phouma qui cherche, pour éviter une guerre civile, à intégrer la gauche dans l'ensemble politique laotien par un accord avec son demi-frère, le prince Souphanouvong, leader du Front patriotique.

Face à l'accord conclu à[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres (histoire), historien, professeur (relations internationales)

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