BOURBONS
Les Bourbons de France aux XVIIe et XVIIIe siècles
L'histoire intérieure du royaume est marquée pendant ces deux siècles par le développement de la monarchie absolue, dont le règne de Louis XIV constitue l'apogée, et par les crises qui modifient au xviiie siècle le fonctionnement de ce système de gouvernement.
Les juristes du xviie siècle ont défini cette monarchie absolue ou « monarchie royale ». Le roi possède la puissance parfaite et entière, sans limitation de temps, de personne ou de chose. « Comme la couronne ne peut être si son cercle n'est entier, ainsi la souveraineté n'est point si quelque chose y défaut » (Loyseau). Ce mode de souveraineté, bien qu'étranger au despotisme, n'exige pas moins l'obéissance de tous les sujets, sans que les droits du roi puissent être diminués par l'intervention du pape (gallicanisme), des parlements ou des grands. Le souverain en France affirme tenir son pouvoir directement de Dieu, en refusant les médiations de toute espèce. L'historien officiel André Duchesne considère, en 1609, les rois de France comme des « terrestres divinitez » et Godeau, dans son Cathéchisme royal (1659), propose à Louis XIV de se souvenir à tout instant qu'il est un « vice-Dieu » sur la terre. Si la souveraineté n'est pas plus « divisible que le point en géométrie » (Le Bret, 1632), il reste à en convaincre tous les Français. Et les opposants subsistent nombreux dans les deux premiers tiers du xviie siècle.
La monarchie absolue est en effet une réponse à la grande crise du siècle. La France est presque constamment en guerre extérieure et intérieure, en proie aux révoltes populaires comme aux invasions espagnoles et impériales. Le roi demande un effort fiscal toujours plus lourd, qui suscite les soulèvements des contribuables. Pour conduire et rétablir l'ordre, les deux cardinaux ministres (Richelieu et Mazarin), qui se font les défenseurs de la monarchie absolue, ont recours à des moyens de gouvernement qui apparaissent à beaucoup comme des nouveautés insupportables. Le roi gouverne de plus en plus par un Conseil réduit à des commissaires recrutés parmi ses fidèles ou ceux des premiers ministres : conseillers d'État, maîtres des requêtes, intendants et commis. Les princes du sang sont progressivement éloignés du Conseil.
Or il était admis que le roi devait gouverner par grand Conseil avec l'avis des membres de la famille royale. Maintenant, il n'y a plus en présence que le roi et ses sujets, sans l'intermédiaire et l'arbitrage des princes du sang. On comprend alors les raisons qui, après la mort d'Henri IV ou pendant la Fronde, font se coaliser momentanément les grands, les princes et les parlementaires dépossédés d'une partie de leurs attributions traditionnelles par le Conseil du roi, les officiers qui ont l'impression que les commissaires les supplantent et les rentiers que la politique financière de Mazarin appauvrit.
Tout cela explique les prises de position de la famille royale au xviie siècle. Les princes sont nombreux à se dresser contre la politique du roi et de ses ministres. Ils rééditent l'hostilité à la Couronne des apanagistes du Moyen Âge. Il est vrai qu'ils n'utilisent plus le système féodal pour recruter des vassaux contre le roi, mais le xviie siècle connaît un autre type de lien d'homme à homme : les clientèles et les fidélités. De haut en bas de la pyramide sociale, des hommes se donnent à d'autres plus puissants, dont ils sont les « dévoués » ou les « domestiques ». Les « maîtres » procurent des avantages à leurs dévoués, des places, des gouvernements, des pensions. Ils les marient et les dotent, protègent leur lignage, tandis que les dévoués conseillent leurs protecteurs, les aident militairement, constituent leur garde d'honneur. Les domestiques peuvent d'ailleurs changer de[...]
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Écrit par
- Yves DURAND : chargé d'enseignement à la faculté des lettres et sciences humaines de Nantes
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