BOURBONS
Les Bourbons hors de France
Philippe V et les Bourbons d'Espagne
La succession de Charles II d'Espagne en 1700 permit à Philippe d'Anjou (1683-1746), petit-fils de Louis XIV, de monter sur le trône de Madrid. Charles II, sans descendant direct, laissait un héritage difficile. Tous deux étant fils et époux d'infantes espagnoles, Louis XIV comme l'empereur Léopold Ier de Habsbourg pouvaient y prétendre. Par les traités de l'automne de 1698 et de mars 1700, le roi de France consentit à ce que le royaume d'Espagne revint au prince électeur de Bavière ou à l'archiduc Charles de Habsbourg, à condition que le Dauphin reçût Naples, la Sicile, le Milanais et le Guipuzcoa, monnaies d'échange pour agrandir la France de la Lorraine, de la Savoie et de Nice.
La cour d'Espagne allait faire échouer ce projet. Les Espagnols refusèrent de morceler leur empire, et le testament de Charles II appela à la couronne Philippe, duc d'Anjou, second fils du Grand Dauphin, frère cadet du duc de Bourgogne. Le roi mourut le 1er novembre 1700, et l'acceptation du testament par Louis XIV provoqua la grande alliance de 1701 contre la France et l'Espagne. Après une guerre difficile, les traités d'Utrecht (avril 1713) et de Rastatt (mars 1714) amputèrent l'État espagnol de ses possessions italiennes et des Pays-Bas attribués à l'empereur Charles VI et à Victor-Amédée de Savoie, mais l'Espagne conserva son roi Bourbon.
Les maisons de Parme et des Deux-Siciles
Philippe V eut de ses deux mariages, avec Marie-Louise de Savoie et Élisabeth Farnèse, Louis, à qui il abandonna le trône en 1724 pour le reprendre la même année, Ferdinand VI, qui régna de 1745 à 1759, Charles, d'abord roi des Deux-Siciles de 1744 à 1759, puis d'Espagne de 1759 à 1788, et Philippe, duc de Parme et de Plaisance de 1748 à 1765.
Au xviiie siècle, la maison de Bourbon gagna en effet de nouvelles couronnes. Le traité de Vienne (1731) assura à Charles le duché de Parme, qu'il devait échanger en 1738 (paix de Vienne) contre le royaume de Naples et de Sicile. À la paix d'Aix-la-Chapelle (1748), après la guerre de Succession d'Autriche, le second fils de Philippe V, don Philippe, reçut les duchés de Parme et de Plaisance cédés par Marie-Thérèse d'Autriche. L'union des cours de la maison de Bourbon allait se concrétiser par le « Pacte de famille » entre Versailles, Parme, Naples et Madrid en 1761, œuvre de Choiseul pour aider à terminer la guerre de Sept Ans.
À Naples devaient se succéder Ferdinand Ier (1759-1825), troisième fils de Charles III d'Espagne, François Ier (1825-1830), Ferdinand II (1830-1859) et François II (1859-1860). En 1860, l'unification de l'Italie au profit du Piémont ruina les monarchies bourboniennes de la péninsule. Il en fut à Naples comme à Parme, où Robert qui régnait depuis 1854 fut renversé. Il était fils de Charles III (1849-1854), lui-même fils de Charles-Louis (roi d'Étrurie en 1803, duc de Lucques en 1815, de Parme en 1847). Le père de Charles-Louis, Louis de Bourbon (1773-1830), avait été un moment roi d'Étrurie par la grâce de Napoléon. Louis était fils de Ferdinand (1765-1802), petit-fils de don Philippe (1748-1765), le bénéficiaire de la paix d'Aix-la-Chapelle.
À Madrid, le destin des Bourbons fut très inégal. Au règne éclairé de Charles III (1759-1788), succéda celui de Charles IV qui dut abdiquer en 1808 en faveur de Joseph Bonaparte. Après la guerre d'indépendance, la couronne revint à son fils Ferdinand VII (1814-1833) qui restaura l'absolutisme, mais ne put empêcher l'effondrement de l'empire colonial espagnol. Isabelle II, sa fille, régna de 1833 à 1868. L'Espagne fut alors troublée par les révoltes carlistes de 1833 à 1840 avec de nouvelles flambées en 1847 et en 1870-1875 : le frère cadet[...]
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Écrit par
- Yves DURAND : chargé d'enseignement à la faculté des lettres et sciences humaines de Nantes
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