BOURGES
Ancienne capitale de la province royale du Berry, chef-lieu du département du Cher, Bourges comptait, en 2012, 68 727 habitants et son agglomération 82 944 habitants.
Établi sur un éperon dominant la confluence de deux rivières marécageuses, l'Auron et l'Yèvre, le site de Bourges est très tôt occupé par les CeltesBituriges (ve siècle av. J.-C.). Avaric, latinisée en Avaricum, est la plus belle cité des Gaulois. Prise par César en 52 avant J.-C. après un siège mémorable, elle devient capitale de l'Aquitaine première (ive siècle), puis exerce son influence régionale sur le Limousin et l'Auvergne en tant que centre politique et métropole religieuse. Enjeu territorial entre Aquitains et Francs, elle est prise en 762 par Pépin le Bref, ce qui marque la fin de son appartenance au monde antique aquitain et son basculement dans la France du Nord. Intégrée définitivement au royaume de France en 1101, Bourges devient capitale du duché du Berry, donné par Jean II le Bon en apanage (1360) à son troisième fils, qui, par ses commandes à de nombreux artistes européens, fait de la ville un important foyer culturel et artistique. Durant la guerre de Cent Ans, la ville joue un rôle essentiel : refuge de Charles VII (1418), elle fournit les bases matérielles à la résistance des Français et à la légitimité de la couronne. Elle en bénéficie : Louis XI y crée une université en 1463 et lui attribue deux foires (1485).
Une fois la guerre achevée, Bourges redevient une simple capitale de duché, éloignée de la Loire et de Paris ; ses bases économiques restent étriquées, dans une province pauvre et aux faibles densités ; son site défensif ne se prête pas aux échanges. Dès 1498, les foires quittent Bourges pour Lyon. Ville d'Église et d'université, elle traverse douloureusement les guerres de Religion. Ses relations avec le pouvoir central se font plus distantes et Bourges tombe alors dans un certain marasme. La Révolution lui enlève son statut de capitale régionale, les fonctions qui lui sont associées (l'université en 1792).
Avec le xixe siècle et l'affirmation de la menace allemande, Bourges profite de nouveau de sa fidélité au pouvoir central et de sa situation géographique protégée pour accueillir un vaste complexe militaro-industriel (arsenaux, école d'artillerie, école centrale de pyrotechnie). La cité provinciale cède la place à une ville d'industrie, ouvrière et fortement marquée par l'emprise des activités militaires. La société urbaine s'accroît (14 524 habitants en 1815, 46 551 en 1901), change (montée du syndicalisme et du vote socialiste), connaît des périodes d'intense activité (Première Guerre mondiale).
Après 1945, Bourges s'engage dans une nouvelle phase de prospérité, associée aux Trente Glorieuses, sans pour autant profiter mieux que d'autres villes de la région Centre des déconcentrations parisiennes. La ville se métamorphose : édification de Bourges-Nord (1950-1970, 30 000 habitants) ; aménagement, au sud de la ville, du plan d'eau du Val-d'Auron, combinant activités résidentielles et de plein air ; essor de l'ouest avec l'autoroute A71 (1989) et l'aéroport, création de la zone d'activité du P.I.P.A.C.T. (Parc industriel de production et d'activités commerciales et tertiaires, 1980-1990), rénovation du centre-ville (Avaricum, Maison de la Culture) et aménagement du quartier des Breuzes, au sud-ouest de la ville. Sa spécialisation dans l'armement a son revers, celui d'une mono-industrie fragilisée par la réduction de la demande. Depuis les années 1990, la récession entraîne la perte d'emplois directs dans l'armement et la diminution de la population de l'aire urbaine. Les atouts sont pourtant réels (niveaux de qualification élevés, haute technicité des activités, culture scientifique et technique grâce à l'enseignement supérieur) et sont au cœur de politiques de valorisation[...]
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Écrit par
- Franck GUÉRIT : maître de conférences à l'université d'Orléans
Classification
Médias
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