BOURGOGNE
Une région qui ne vit pas seulement du vin
Des agriculteurs efficaces
Bourgogne : les vendanges du pinot noir
Ian Shaw/ The Image Bank/ Getty Images
En 2013, l'agriculture employait 4,7 p. 100 de la population active (moyenne française : 3 p. 100). La vigne, culture phare de la région, couvre 2 p. 100 de la surface agricole (31 900 hectares) mais les vins représentent à eux seuls 30 p. 100 de la valeur de la production agricole et près de 60 p. 100 des exportations agroalimentaires. La vigne occupe un mince ruban, orienté à l'est, la Côte, qui domine le Val-de-Saône. La côte de Nuits produit surtout de grands vins rouges (gevrey-chambertin, vosne-romanée, etc.), la côte de Beaune à la fois de grands vins rouges (beaune, pommard, volnay, etc.) et de grands vins blancs (meursault, chassagne-montrachet, etc.). Les côtes chalonnaise (rully, givry) et mâconnaise (mâcon, saint-véran), moins prestigieuses, donnent plutôt des vins blancs. En dehors de la côte, Chablis (Yonne) et Pouilly-sur-Loire (Nièvre) produisent des vins blancs réputés. Dans la variété de ces terroirs, on distingue les grands et les premiers crus (12 p. 100 des surfaces), les villages (30 p. 100) et les appellations régionales (58 p. 100). Plus de la moitié de ces vins sont exportés (80 p. 100 pour les crus les plus célèbres), mais la concurrence des pays méditerranéens et de l'hémisphère Sud se durcit.
La Bourgogne élève également, dans sa moitié méridionale, les bœufs blancs charolais qui fournissent le cinquième de la valeur de la production agricole, alors que le nord est devenu un pays de grandes cultures, producteur de céréales (blé, orge), de betteraves à sucre et d'oléagineux (colza, tournesol). En revanche, les cultures maraîchères du Val-de-Saône régressent et l'élevage laitier, laminé par les quotas, est désormais marginal.
Des activités non agricoles essentielles pour l'emploi
La part de l'industrie dans l'emploi régional est importante (17 p. 100 contre 15 p. 100 pour la France métropolitaine) et la valeur de sa production représente cinq fois celle de l'agriculture. Ses activités sont très diverses, avec quelques secteurs clés : la construction mécanique (Iveco, Seb, Usinor), électrique et électronique (Philips, Thomson), les industries agroalimentaires (Amora, Nestlé, Senoble). D'autres grands noms de l'industrie sont représentés : Michelin, Framatome, Dim, Saint-Gobain, Pechiney, etc. Cependant, la région souffre d'être dépendante de ces grands groupes qui peuvent à tout moment se délocaliser, comme le cas s'est déjà produit.
Le secteur tertiaire, qui fournit à lui seul plus de deux tiers des emplois, continue de se développer. Destiné à fournir produits et services à la population, il n'est guère original : les services, qui forment 73 p. 100 de ce secteur, progressent rapidement alors que l'emploi stagne dans le commerce, les magasins de proximité étant victimes de la multiplication des grandes surfaces. Le tourisme, quant à lui, n'a pas la place que l'on pourrait attendre dans une région située à proximité de gisements de clientèles considérables, comme la région parisienne ou la mégalopole européenne qui court de Londres à Milan.
Des tendances lourdes sont à l'œuvre en Bourgogne : densification de la population sur les axes bien desservis et délestage dans les angles morts, déclin des villes les plus petites ou les moins bien placées et extension des autres, désindustrialisation ici et tertiarisation ailleurs. La fusion avec la Franche-Comté, qui va faire de la nouvelle entité la région la plus industrielle de France (en termes de part d’emplois), pourrait modifier ces tendances.
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Écrit par
- Robert CHAPUIS : professeur émérite, université de Bourgogne
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