BOUSSOLE (M. Énard) Fiche de lecture
L’impossible consolation
En musicologue passionné, Franz Ritter n’oublie pas ce que nos révolutions esthétiques doivent à l’exotisme de l’Orient, par exemple chez Mozart, Beethoven, Liszt, Rimski-Korsakov, Debussy ou Schönberg. De l’orientaliste Hammer-Purgstall à Goethe et à Hofmannsthal, en passant par Hugo, Rückert ou Balzac, le Levant est perçu une fois encore comme un désir de réparation de l’angoisse de l’âme à travers le songe de l’ailleurs et de l’autre. Ainsi, à l’écoute de la 32e sonate de Beethoven, et comme avant lui Thomas Mann dans Le Docteur Faustus, le narrateur sonde l’attente du troisième mouvement en creux – le silence de l’avenir – qui briserait la dualité de l’affrontement pour résoudre l’accord. Or, la tonalité tant souhaitée n’est qu’illusion, espérance de consolation inachevée. Un bouquet de joies, de plaisirs et de souffrances perdus.
Amusé par la suffisance universitaire et inspiré par la libre Sarah, le narrateur tente de saisir, entre soi et l’autre, le sentiment existentiel qui s’échappe dans la sensation du temps, de l’amour impossible, de l’art et de l’expérience de l’altérité. Il reste à révéler toujours la force de la mixité et des diasporas, à se laisser aller aux vrais sentiments et à l’espérance, « en ces temps où Dieu ne donne pas le meilleur de lui-même ». Boussole invite à un voyage imaginaire, une immersion onirique et érudite dans les langues et les cultures, à travers la poésie des flâneurs et des passionnés épris des différences.
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Écrit par
- Véronique HOTTE : critique de théâtre
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