BRABANT
Le duché de Brabant a été, avec la Flandre, une des plus riches principautés des Pays-Bas médiévaux, s'étendant des limites du comté de Hainaut, au sud, à la Meuse, au nord, bordé à l'ouest par le comté de Flandre et à l'est par la Gueldre, la principauté épiscopale de Liège et le comté de Namur. Il s'est formé, dans un contexte de renforcement des féodaux aux dépens de l'empereur, par le regroupement – réalisé par les comtes de Louvain – de territoires du Saint Empire romain germanique qui relevaient auparavant du duché de Basse-Lotharingie. Au xie siècle, ces comtes ajoutent à leurs possessions le comté de Bruxelles, l'avouerie sur les abbayes de Nivelles et de Gembloux, et une partie du comté de Hal, fief impérial situé entre la Dendre et la Senne. Au début du xiie siècle, ils obtiennent le marquisat d'Anvers et d'autres fiefs de Basse-Lotharingie. Cet ensemble est élevé au titre de duché en 1183-1184. Avec l'objectif d'augmenter leur contrôle sur la route de Bruges à Cologne, les ducs de Brabant cherchent, au xiiie siècle, à étendre leurs possessions vers l'est, aux dépens des terres liégeoises. À la suite de la bataille de Worringen (1288), ils contrôlent le duché de Limbourg (à l'est de la Meuse, correspondant approximativement à l'actuel Pays de Herve). Au début du xve siècle, le duché de Brabant passe sous le contrôle de la Maison de Bourgogne. Il suivra ensuite le destin commun des principautés habsbourgeoises des Pays-Bas méridionaux. Les troubles de la seconde moitié du xvie siècle et du début du xviie entraînent toutefois la scission du Brabant : le nord est annexé par les Provinces-Unies, sous le nom de Brabant des États ou pays de la Généralité, région à dominante catholique gouvernée par l'ensemble des provinces protestantes. Cette séparation sera entérinée par le traité de Westphalie en 1648. Le Brabant méridional, resté habsbourgeois, disparaîtra avec la fin de l'Ancien Régime, formant en 1795 l'essentiel des deux départements français des Deux-Nèthes (chef-lieu Anvers ; englobant aussi la ville-seigneurie enclavée de Malines) et de la Dyle (Bruxelles). Sous le régime des Pays-Bas réunis (1815-1830), les anciens pays de la Généralité deviennent la province du Brabant septentrional (après avoir formé le Brabant batave à partir de 1796, dans le cadre de la République batave puis, entre 1811 et 1814, le département des Bouches-du-Rhin, englobé dans l'Empire français). Les deux départements méridionaux constituent les provinces d'Anvers et du Brabant méridional (ce dernier qualificatif disparaissant avec l'accession de la Belgique à l'indépendance).
Seule province restée bilingue après les rectifications des limites provinciales belges en 1963 (outre la partie germanophone de la province de Liège), la province du Brabant disparaît en 1995, dans le contexte de la fédéralisation de la Belgique. Elle est remplacée par deux provinces :
– l'une néerlandophone, le Brabant flamand (Vlaams-Brabant en néerlandais ; 2 106 km2 et 1 187 000 hab. en 2023), dont le chef-lieu est Louvain, et où des facilités administratives sont toutefois conservées en faveur des francophones dans quelques communes adjacentes à la limite linguistique (en particulier six communes limitrophes de Bruxelles) ;
– l'autre francophone le Brabant wallon (1 091 km2 et 413 000 hab.), dont le chef-lieu est Wavre (les fonctions judiciaires restant toutefois à Nivelles).
La Région de Bruxelles-Capitale (161 km2 et 1 235 000 hab.) sort à cette occasion du cadre du découpage provincial.
Dans l'ancienne province belge du Brabant, les altitudes s'abaissent doucement de plus de 150 mètres au sud à moins de 20 mètres au nord. Le plateau est entaillé par des vallées parallèles, dont les rivières s'écoulent du[...]
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Écrit par
- Christian VANDERMOTTEN : docteur en sciences géographiques, professeur émérite à l'Université libre de Bruxelles, membre de la classe des lettres de l'Académie royale de Belgique, président de la Société royale belge de géographie
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