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BRAHMANISME

Les croyances

Le brahman-ātman

Sur le plan des croyances, le brahmanisme demeure centré sur le brahman-ātman de la spéculation upaniṣadique que l'on trouvait déjà en germe dans les brāhmaṇa. Cette notion essentielle qui, de nos jours encore, imprègne la pensée indienne, se rencontre nettement pour la première fois dans l'une des deux plus anciennes upaniṣad, la Bṛhad Āraṇyaka. Le sage Yājñavalkya y proclame l'identité de deux principes, l'ātman, soi individuel, et le brahman, Soi universel, Totalité dont la diversité des objets et des êtres ne présente que des aspects multiples et fragmentaires. Cet Absolu impersonnel s'impose à l'Inde brahmanique ; plus tard, à la période médiévale, le Vedānta du philosophe Śaṅkara en tirera les conséquences extrêmes, qui vont dans le sens d'un monisme idéaliste radical.

Dans une telle perspective les dieux apparaissent comme relatifs et transitoires ; l'épopée dit bien qu'ils ont bu la liqueur d'immortalité et sont devenus immortels mais, tout bien considéré, ils ne sont eux aussi que des manifestations passagères prises dans le tourbillon des existences successives.

Le saṃsāra

Apparue toute formée aux vie-ve siècles avant notre ère, dans les upaniṣad comme dans le bouddhisme et le jaïnisme, une autre croyance, dont on ne peut préciser l'origine, conditionne la vie religieuse : c'est celle du saṃsāra.

Le terme lui-même – de saṃ-SṚ, couler avec – évoque bien ce courant perpétuel et circulaire qui entraîne l'âme individuelle à travers des réincarnations en chaîne, le karman, résidu d'actes des existences antérieures, déterminant les renaissances et leurs conditions. Une telle course n'a pas de commencement, mais on peut y mettre fin. La recherche upanishadique – comme la recherche bouddhique – s'ingénie à trouver les moyens d'arrêter ce flux. Alors qu'aux temps védiques on s'efforçait d'obtenir des biens pour ce monde et pour l'autre, le désir d'échapper au cycle coïncide avec la formation de la pensée dite brahmanique : à une religion de jouissance (bhukti) va succéder une religion de délivrance (mukti). Les moyens d'y parvenir sont d'ordre cognitif : le sacrifice demeure prescrit en tant que préparatoire, mais seule la connaissance de l'identité du brahmán et de l'ātman se révèle salvatrice, faisant prendre conscience à l'homme de sa liberté essentielle et annulant les conséquences du karman.

La croyance en l'éternité du monde, liée à celle du karman, coexiste avec celle en une création initiale dont on retrouve trace plus tard dans les purāṇa. Mais cette création n'est pas unique et vers le temps de l'épopée se fixe la tradition des apparitions et disparitions alternées de l'univers. Le schéma, variable, se ramène en gros à ceci : chaque cycle se subdivise en quatre périodes dont la durée et l'excellence vont décroissant. Il semblerait que la perfection originelle s'use peu à peu, à la façon d'une énergie qui se perd : on aboutit ainsi à l'époque imparfaite où nous sommes actuellement, qui doit disparaître dans un embrasement général auquel succédera le calme des eaux primordiales. Puis, après des millions de millions d'années, la création resurgira, les Veda apparaissant en premier lieu.

D'un tel cataclysme les dieux ne sont pas exclus ; leurs fonctions reparaissent, identiques : ainsi se trouve-t-il toujours un Indra, mais le titulaire change. Les êtres célestes n'échappent au saṃsāra que le temps d'une de ces périodes nommées kalpa ou manvantara, « entre deux Manu », Manu étant traditionnellement le premier homme de chaque nouvelle création. Telle est donc l'explication de la relativité des dieux.

Le dharma

Un des nouveaux thèmes sur lesquels[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études honoraire à l'École pratique des hautes études (Ve section)

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