BRAHMANISME
Rites et coutumes religieuses
Bien que le sacrifice solennel régresse, on lui conserve théoriquement une place dans la vie religieuse, mais, en fait, c'est l'existence quotidienne qui est scandée d'une multiplicité de rites et d'observances.
La personne du brâhmane, membre de la caste sacerdotale, continue de dominer la société brahmanique ; il est l'être pur par excellence, qui doit plus qu'aucun autre se garder de tout contact impur.
Les deux catégories suivantes, celle des kṣatriya (guerriers) et des vaiśya (artisans ou cultivateurs), fragmentées elles-mêmes en une quantité de sous-castes, bien plus vivantes que la classification idéale en quatre castes des traités juridiques, composent avec les brâhmanes l'ensemble de ce qu'on nomme les deux-fois-nés (dvija), l'initiation religieuse tenant lieu de deuxième naissance. Soumis à une multitude de rites (saṃskāra, traduit approximativement par sacrement), qui ponctuent leur existence depuis la conception jusqu'après la mort, ils se meuvent dans un réseau d'obligations et de règlements dont un grand nombre s'exécutent autour du feu domestique : ainsi, dans la cérémonie du mariage, la jeune fille, menée par le fiancé, tourne autour de ce feu. Épouser se dit d'ailleurs en sanskrit pari-NI, conduire autour.
Quant au rituel funéraire, fort compliqué, des textes plus tardifs, comme les purāṇa, rejoignent à peu près ce que prescrivait la tradition antérieure.
La vie quotidienne comporte elle aussi bien des observances ; la plus connue est celle des trois hommages rendus aux trois articulations (saṃdhyā) de la journée. Débutant par des rites de purification avec l'eau, la cendre ou les produits de la vache, ils se poursuivent par des récitations de mantra (formules d'origine védique) et les invocations au soleil. L'oblation au feu reste un devoir quotidien imposé aux chefs de famille (gṛhastha) des trois classes de deux-fois-nés ; pour l'accomplir on utilise encore les mêmes objets rituels qu'aux époques précédentes : cuillères ou récipients variés.
En outre, des textes comme l'épopée du Mahābhārata portent témoignage du culte aux mânes (pitṛ), héritage direct du védisme.
Aux rites journaliers et à ceux qui marquent les divers moments de l'existence, se superpose pour les brâhmanes l'ancienne obligation, au moins théorique, de sacrifier à certaines dates : nouvelle lune ou pleine lune, par exemple. Il reste donc sur ce plan de nombreuses survivances du passé mais, au cours de cette période, va grandir peu à peu le rôle de pratiques ignorées des temps plus anciens : adoration des images, pèlerinages aux lieux saints et aux gués sacrés, qui formeront la trame du culte hindouiste.
Alors, également, se fixe la théorie des āśrama, stades de vie. Dans l'épopée on ne connaît encore que trois étapes dans l'existence d'un brâhmane : d'abord étudiant, puis maître de maison, il se retire enfin dans la forêt, une fois ses fils élevés, chargé d'ans et de sagesse, accompagné ou non de son entourage immédiat et de ses troupeaux. C'est vers la fin de la période brahmanique ancienne que s'impose la figure du « renonçant » qui prendra par la suite une importance considérable.
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Écrit par
- Anne-Marie ESNOUL : directeur d'études honoraire à l'École pratique des hautes études (Ve section)
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