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BRAMANTE (1444-1514)

Christ à la colonne, D. Bramante - crédits : Luisa Ricciarini/ Bridgeman Images

Christ à la colonne, D. Bramante

Le nom de Bramante est lié à quelques-unes des œuvres les plus importantes du xvie siècle, celles qui ont donné naissance à un langage architectural qui, de Rome, s'étendit au cours des siècles dans l'Europe entière.

Bramante avait hérité du Quattro-cento, plus particulièrement d'Alberti, sa curiosité pour l'Antiquité. Il voulut arracher aux monuments du passé les secrets de leur technique, et les adapter aux exigences de son temps. Mais son intérêt pour l'architecture romaine ne le détourna pas de l'art gothique. Bramante fut considéré à juste titre comme « le plus grand inventeur de formes architecturales depuis l'Antiquité ».

Le peintre

Donato di Pascuccio d'Antonio, dit Bramante (variante du surnom hérité de son père : Abramante, Barbanti), naquit en 1444 à Monte Asdruvaldo, localité dépendant aujourd'hui de la commune de Fermignano, et qui faisait alors partie du territoire d'Urbino.

Avant 1476-1477, il séjourna quelques années à Urbino ; puis, de 1477 à 1499, il vécut en Lombardie, d'abord à Bergame, puis à Milan (le voyage Urbino-Bergame lui permit sans doute de passer par Ravenne et Mantoue). Il fit aussi quelques séjours à Pavie, et Vigevano, et plusieurs voyages, en particulier à Rome, où il s'établit définitivement en 1499. Il mourut, à Rome, le 11 avril 1514.

Palais ducal, Urbino - crédits :  Bridgeman Images

Palais ducal, Urbino

Il n'existe aucun document sur la formation de l'activité de Bramante dans sa jeunesse. Il arriva à Urbino certainement assez tôt pour assister à l'élaboration d'un des milieux les plus fervents et les plus caractéristiques de la Renaissance italienne. Les œuvres à lui attribuées avec certitude témoignent de ce que fut sa première formation : contact avec des maîtres comme Piero della Francesca, Luciano Laurana, Melozzo ; climat humaniste entretenu par Frédéric de Montefeltro. Bramante avait vingt-huit ans quand Laurana abandonna définitivement Urbino, laissant inachevées plusieurs parties du palais ducal – prévues dans son projet d'ensemble, mais dont les dessins définitifs n'étaient pas terminés. Il restait en particulier le Studiolo, la chapelle du Perdono, le petit temple des Muses et le mausolée. C'est précisément dans ces différentes études que Bramante révélera pour la première fois sa personnalité. Il eut en outre l'occasion d'affronter les problèmes techniques au côté des maîtres lombards au service des Montefeltro (la présence des maîtres maçons venant de Côme est attestée par les textes) et de Francesco di Giogio.

La première mention de son activité (1477, peinture de la façade et de la grande salle du palais du Pouvoir de Bergame) met en évidence son goût prononcé pour la peinture en trompe l'œil. Un autre texte indique qu'il n'était pas seulement peintre, mais aussi architecte (1479, projet pour la façade de Sainte-Marie près San Satiro). Nous le retrouvons peintre à Milan, au palais Fontana (mais les rares fresques conservées dont il fit lui-même le dessin, ne sont pas de sa main), à la maison Panigarola (Hommes d'armes, Héraclite et Démocrite), et peut-être au château Sforza (Argos). Le Christ de Chiaravalle, aujourd'hui à Brera, sur panneau de bois, est un témoignage précieux, sinon unique, sur son activité dans le domaine de la peinture de chevalet.

Ces œuvres témoignent de l'influence de Piero della Francesca, de Melozzo (spécialement les Hommes d'armes de la maison Panigarola) et de Boccati. À cette influence s'ajoute celle des œuvres d'Hercule de Ferrare, plus évidente encore sur la gravure faite en 1481 par Prevedari, d'après le dessin de Bramante. Bien qu'il n'existe aucune autre peinture (ni aucune mention de peinture) exécutée après cette date (sinon, peut-être, dans le portique de Saint-Jean-de-Latran, à Rome, une fresque peinte pour le jubilé de 1500),[...]

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Écrit par

  • : consultant auprès des Musées du Vatican pour la restauration des œuvres d'art

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