BRANDT BILL (1904-1983)
Cet Anglais discret, aux yeux étonnamment bleus, et qui semblait quelque peu distant, confiait souvent qu'il avait choisi la photographie après un long séjour en sanatorium dans sa jeunesse, et parce qu'on lui avait interdit les efforts physiques trop importants. Et il ajoutait avec l'humour calme dont il ne se départait jamais : « Je pensais que ce ne serait pas fatigant, je me trompais diablement ! »
L'ensemble de son œuvre représente les quatre grands genres de la photographie : le reportage documentaire « instant-de-vérité », comme le définit Bill Brandt, les portraits, les nus et les paysages, marqués par une approche poétique.
L'art du contraste
Fils d'un Anglais, banquier, et d'une Allemande, le photographe britannique Bill Brandt est né en mai 1904 à Hambourg ; il fait d'abord ses études en Allemagne, puis en Suisse, où il pratique pour la première fois la photographie dans un studio. Venu à Paris en 1923, il habite près de Montparnasse et se passionne pour l'effervescence artistique du quartier, courant d'une exposition à une projection de cinéma et rencontrant la plupart des créateurs importants de l'époque. C'est ainsi qu'il devient, en 1929, assistant de Man Ray et qu'il fréquente les surréalistes qui auront sur lui une influence essentielle. '''« »
Très impressionné par les photographies « documentaires » d'Atget sur Paris, mais aussi par les peintures de Chagall, de Matisse et de Picasso, ainsi que par les films de Buñuel, Bill Brandt entreprend, dès son arrivée à Londres, en 1931, une série de reportages sociaux sur l'Angleterre. Les villes industrielles du Nord et des Midlands, les parties élégantes, le personnel de maison, les champs de courses d'Ascot : autant de clichés régulièrement publiés par Weekly Illustrated, Picture Post, Lilliput et Harper's Bazaar, tout comme par Verve à Paris. Déjà, un style s'affirme dans des images fortes, souvent méditatives, obtenues par ces tirages contrastés qui obligent Bill Brandt, maniaque de la finition du travail, à passer des journées entières dans son laboratoire (un seul tirage lui demandait souvent une demi-journée de travail). Les oiseaux dans les brumes de la Tamise voisinent avec les bonnes en tablier blanc et jupe noire nettoyant la baignoire, dans la série The English at Home.
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Écrit par
- Christian CAUJOLLE : directeur artistique de l'agence et de la galerie Vu, Paris
Classification
Médias
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