BRAZZA PIERRE SAVORGNAN DE (1852-1905)
Explorateur et colonisateur français, d'origine italienne. Élève de l'École navale à titre étranger (1868), Pierre Savorgnan de Brazza prend part à la guerre de 1870-1871 dans la marine française et demande sa naturalisation qu'il obtiendra en 1874. À l'issue d'une croisière au large des côtes du Gabon (1873-1874), il sollicite et obtient l'autorisation d'explorer l'Ogooué. Au cours d'une première expédition (1875-1878), il remonte le fleuve, franchit la ligne de partage des eaux et se dirige vers le Congo qu'il doit renoncer à atteindre devant l'opposition que manifestent certaines tribus. Dès cette époque, il applique ce qui sera sa ligne de conduite constante à l'égard des populations africaines : le refus de toute violence, l'appel à la confiance et à la négociation.
À son retour en France, il repousse les offres du roi Léopold II de Belgique et comprend que l'immense bassin du Congo — que Stanley vient de découvrir — suscite déjà des ambitions territoriales. Désireux que la France ne soit pas absente dans un éventuel partage, il obtient une seconde mission (1880-1882) au cours de laquelle, devançant Stanley, il explore la rive droite du Congo, signe un traité de protectorat avec le Makoko (« puissant roi ») des Téké (10 sept. 1880) et fonde un poste à l'emplacement de ce qui deviendra Brazzaville, jetant ainsi les bases de la future Afrique-Équatoriale française.
À Paris, en 1882, il suscite une vaste campagne d'opinion destinée à faciliter la ratification du traité Makoko par les chambres. Ayant obtenu satisfaction, il retourne au Congo pour y compléter ses découvertes (1883-1885). Nommé commissaire général du Congo français en 1886, il administre la nouvelle colonie, s'efforçant d'en étendre les limites par des campagnes d'exploration que ses collaborateurs et lui-même dirigent vers la Sangha, le Chari, l'Oubangui et le lac Tchad. Mais il se heurte aux grandes sociétés coloniales, avides d'ivoire et de caoutchouc, qui voudraient pouvoir se partager le territoire en concessions. Sous prétexte d'incapacité administrative, Brazza est relevé de ses fonctions en janvier 1898. Il reviendra au Congo en 1905, chargé par le gouvernement d'enquêter sur les exactions commises par les sociétés concessionnaires à l'encontre des populations indigènes (travail forcé, abus du portage, violences contre les personnes). C'est au retour de cette ultime mission qu'il meurt à Dakar.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Marcel CHAMPION : agrégé de l'Université, assistant à l'université de Paris-IV
Classification
Média
Autres références
-
BRAZZAVILLE
- Écrit par Roland POURTIER
- 835 mots
- 1 média
Capitale de la république du Congo, Brazzaville est située en bordure d’un lac, le Pool Malebo (ex-Stanley Pool), à l'amont des rapides de Kintambo, premiers d'une série de chutes et de rapides qui interdisent la navigation sur le cours inférieur du Congo. Elle partage avec Kinshasa...
-
CONGO RÉPUBLIQUE DU
- Écrit par Philippe DECRAENE , Encyclopædia Universalis , Roland POURTIER et Patrick QUANTIN
- 12 204 mots
- 10 médias
L'histoire de la colonisation du Congo se confond d'abord avec celle des explorations dePierre Savorgnan de Brazza. Remontant l'Ogooué, puis l'Alima, Brazza, après avoir fondé le poste de Franceville, pénètre par la Lefini jusqu'au fleuve Congo et atteint M'Bé, capitale du roi Makoko, chef politique...