BRAZZAVILLE
Capitale de la république du Congo, Brazzaville est située en bordure d’un lac, le Pool Malebo (ex-Stanley Pool), à l'amont des rapides de Kintambo, premiers d'une série de chutes et de rapides qui interdisent la navigation sur le cours inférieur du Congo. Elle partage avec Kinshasa, située sur la rive opposée du fleuve, une position stratégique de première importance au point de rupture de charge entre le réseau navigable du Congo et de ses affluents, et les voies ferroviaires et routières aménagées pour désenclaver les deux villes jumelles et leur hinterland. Longtemps tributaire du Congo belge pour ses échanges extérieurs (par le chemin de fer Matadi-Kinshasa achevé dès 1898), Brazzaville n'a bénéficié de sa propre ouverture sur l'Atlantique qu'en 1934 avec l'achèvement du Congo-Océan et du port de Pointe-Noire. Il en résulte une bipolarité urbaine de l'espace congolais : l’agglomération de Brazzaville avoisinait 2 millions d’habitants en 2022, celle de Pointe-Noire 1 million. Ces deux pôles urbains regroupent donc la moitié des 6 millions d’habitants du Congo.
La naissance de Brazzaville date d'octobre 1880, lorsque l’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza fonda le poste de Mfoa concrétisant ainsi le traité signé avec le roi des Batéké, Makoko. Dans sa séance du 1er juillet 1881, la Société de géographie de Paris proposa de donner à ce modeste poste le nom de Brazzaville. À l'occasion du centième anniversaire de la ville, les autorités congolaises ont décidé de conserver le nom de son fondateur, dont l'image est perçue positivement. En octobre 2006, le transfert de ses cendres d'Alger à Brazzaville a confirmé cet attachement : Brazza repose désormais dans un mausolée érigé à côté de la mairie. Grâce aux atouts dus à sa position, le modeste poste colonial des origines a ravi à Libreville, en 1903, la fonction de chef-lieu du Congo français, puis de l'Afrique-Équatoriale française (A-ÉF). C'est à Brazzaville, très tôt ralliée à la France libre, que le général de Gaulle prononça, en 1944, le discours qui amorça l'évolution de l'empire colonial français.
Située à la charnière des régions septentrionales et méridionales de la république du Congo, la capitale est le réceptacle de populations originaires de l'ensemble du territoire. L'installation des migrants s'est traduite par la formation de quartiers, appelés « villages » ou « cités », de part et d'autre des espaces centraux du Plateau, la « ville » où se concentrent les lieux de pouvoir (politique, financier, religieux) et les fonctions administratives. Les Congo-Lari de la région du Pool ont investi les quartiers sud : Bacongo, prolongé par Makélékélé, est leur bastion. Les populations originaires du Nord (Téké, Mbochi, etc.) se sont établies à Poto-Poto, Mpila et dans les quartiers nord, Ouenzé, Moungali, Talangaï. Les conditions de l'urbanisation ont ainsi créé des quartiers à composantes ethnorégionales fortement différenciées : ils ont constitué la trame territoriale des guerres civiles de 1994 et 1997, les chefs politiques s'appuyant sur les milices d'un espace urbain ethnicisé.
Depuis le début des années 2000, la capitale congolaise s’étend en direction du nord-est. Une ville nouvelle sort de terre à Kintélé, reliée à Brazzaville par une voie autoroutière, la Corniche nord, longeant le Pool. Elle comporte un complexe sportif, inauguré à l’occasion des jeux africains de 2015, l’université Denis-Sassou-Nguesso, ouverte en 2021, et un Centre de conférences internationales. Autre transformation du paysage urbain, une Corniche sud, longeant le fleuve Congo, offre une voie rapide entre le Plateau et les quartiers sud. Son pont haubané, illuminé la nuit, fait la fierté des Brazzavillois, toujours soucieux de s’affirmer face à Kinshasa.[...]
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Écrit par
- Roland POURTIER : doctorat ès lettres et sciences humaines, professeur honoraire, université de Paris-Panthéon-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer
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