BRÉSIL Économie
Capitale | Brasília |
Unité monétaire | Real (BRL) |
Population (estim.) |
205 223 000 (2024) |
R.N.B. par habitant (USD) |
8 140 $ (2022) |
Instabilité et difficile restauration de la confiance
Le « miracle économique brésilien » : 1964-1980
Les généraux au pouvoir mettent en place ce qu'on a appelé le modèle brésilien de croissance, à l'origine du « miracle économique » de la fin des années 1960 et des années 1970. Ce modèle comporte trois volets. Il repose d'abord sur l'idée que la perte de dynamisme vient de l'insuffisance de l'investissement, lui-même dû à la faiblesse de l'épargne. Il faut donc favoriser celle-ci en maîtrisant l'inflation, en réorganisant les marchés financiers (faciliter l'achat d'actions par les privilégiés) et en concentrant encore plus les revenus au profit des classes supérieures, c'est-à-dire en diminuant les salaires réels. Avec pour effet de les rapprocher de leur coût d'opportunité et ainsi réduire le déséquilibre en faveur du capital et favoriser l'emploi. Des mesures antisociales que seule une dictature pouvait mettre en œuvre.
Le deuxième est le volet extérieur qui consiste à favoriser les exportations par toute une panoplie de stimulants et d'avantages aux firmes, après des décennies d'ISI. Il s'agit de desserrer le goulet d'étranglement externe grâce aux exportations de produits manufacturés et de réduire le niveau de protection. Pour remédier à la surévaluation du taux de change, on passe à un système original de changes glissants, ou « minidévaluations », qui permet aux entreprises de rester compétitives et rentables à l'exportation malgré l'inflation plus forte qu'à l'étranger. On retrouve avec cette stratégie une croissance vers l'extérieur, mais d'un autre type que celle basée sur les produits primaires, avec pour effet positif de stimuler l'efficacité des firmes nationales en les exposant davantage à la concurrence externe.
Le troisième volet concerne les investissements : les investissements directs étrangers (IDE) sont favorisés et les multinationales multiplient leurs implantations. Mais l'État entreprend aussi une politique de grands projets, d'investissements dans les infrastructures et dans l'industrie. Ainsi le barrage d'Itaipu, à l'époque le plus important du monde, voit ses travaux commencer en 1971. Dans l'industrie, la firme Embraer (Empresa Brasileira de Aeronáutica) est lancée par l'État en 1969, spécialisée dans la construction d'avions de moyenne portée, elle deviendra la troisième dans le monde après Airbus et Boeing pour la fabrication de jets civils. On peut citer également le plan Proálcool de 1970, une autre réussite à long terme, qui a permis de remplacer le pétrole par des biocarburants. Aujourd'hui 50 p. 100 du carburant consommé par les automobiles au Brésil est de l'éthanol. Des voitures mixtes (flex-fuel) ont été mises au point en 2003, pouvant fonctionner avec n'importe quelle combinaison d'éthanol et d'essence, elles constituent 90 p. 100 des ventes de véhicules neufs en 2014. Les voitures diesel sont interdites aux particuliers.
La croissance reprend dès 1967, et le Brésil connaît alors des taux comparables à ceux de certains pays d'Asie : 10 p. 100 d'augmentation annuelle du PIB en moyenne jusqu'en 1973 ; 7 p. 100 ensuite entre 1973 et 1980, malgré le premier choc pétrolier. La croissance des exportations nouvelles a dépassé toutes les attentes, le Brésil est devenu en quelques décennies un des principaux exportateurs industriels du monde émergent. Il est passé de 8 p. 100 de produits manufacturés dans ses exportations en 1965 à 58 p. 100 en 2000. L'agriculture se modernise également et le soja est devenu dès les années 1970 un des premiers produits d'exportation.
Cette croissance est cependant caractérisée par un déficit croissant de la balance des paiements[...]
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Écrit par
- Jacques BRASSEUL : professeur émérite des Universités en sciences économiques
Classification
Médias