- 1. Une « brésilianité » inscrite dans le territoire
- 2. Le modèle brésilien de développement
- 3. Plusieurs Brésils
- 4. Le Sudeste, cœur du pays
- 5. Originalité de la région méridionale
- 6. L'Amazonie entre développement et préservation
- 7. La région de transition du Nord moyen
- 8. Le Nordeste, matrice de la brésilianité
- 9. Bibliographie
BRÉSIL Géographie
Capitale | Brasília |
Langue officielle | Portugais |
Unité monétaire | Real (BRL) |
Population (estim.) |
205 223 000 (2024) |
Superficie |
8 510 418 km²
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Le modèle brésilien de développement
Le décollage industriel et la modernisation de l'économie brésilienne ont pris une impulsion décisive au moment du « miracle économique » qui a permis, de 1969 à 1974, de consacrer d'importants investissements à de nouveaux secteurs (aéronautique, informatique, nucléaire), ainsi qu'au montage de grandes entreprises publiques pour l'énergie (Petrobras, Eletrobras), les communications (Telebras) et les transports, qui acquièrent la taille de conglomérats et aménagent des territoires.
Les militaires, au pouvoir de 1964 à 1985, mettent en pratique une géopolitique appliquée qui vise à intégrer le territoire et à rapprocher les ensembles régionaux afin de faire du Brésil une « grande puissance ». D'une part, la nouvelle capitale Brasília, inaugurée en 1960, devient le symbole de la projection du Brésil vers l'avenir, et le gouvernement des militaires, en s'y installant, en fait une vitrine de la modernité. D'autre part, des programmes de développement régional sont appliqués au Nordeste, au Centre-Ouest, et plus particulièrement en Amazonie qu'il s'agit d'occuper plus intensément. Le mouvement d'urbanisation entraîné par la forte industrialisation des années 1960-1970 s'amplifie pour atteindre 86 p. 100 de la population en 2009, alors que l'économie brésilienne s'assure le 8e rang mondial, au coude à coude avec la Russie.
Le palmarès économique de ce géant est impressionnant. L'agriculture fait d'incontestables progrès, mais reste encore largement à deux vitesses. D'un côté, 500 000 exploitations agricoles modernes vendant principalement sur le marché international : tourteaux de soja, jus d'orange, café, cacao, sucre, viandes... ; de l'autre, 4 millions d'exploitations familiales produisant essentiellement pour le marché intérieur. La moitié d'entre elles sont à la limite de la survie, alors même que des centaines de milliers de familles attendent un lopin de terre. Officiellement, l'Institut national de colonisation et réforme agraire se charge de l'installation des paysans dans de nouveaux lotissements ruraux. Cependant, les opérations de cadastre s'éternisent et l'accession à la propriété fait l'objet de conflits permanents alors que beaucoup de terres restent inexploitées. Les incitations à l'agrobusiness et l'encadrement de l'agriculture familiale dépendent de deux ministères différents dont les pratiques s'opposent.
Les progrès les plus impressionnants ont été réalisés dans l'industrie, qui fournit le quart du produit intérieur brut (P.I.B.) et les deux tiers des exportations (acier, automobiles, avions, armes, etc.) depuis les années 1980. Un tiers des capitaux investis sont d'origine étrangère. Les industries traditionnelles subissent des crises, mais l'ampleur du marché intérieur permet de belles percées dans des domaines tels que la chaussure, la confection ou les industries alimentaires, tandis que de larges secteurs d'industries modernes se structurent, opérant des entrées remarquées sur le marché mondial : construction mécanique et navale, matériel électrique, chimie, pharmacie générique. Dans le domaine énergétique, le Brésil profite de ses ressources renouvelables : 78 p. 100 de l'électricité est d'origine hydraulique, 20 p. 100, végétale (bois, bagasse) et les programmes biocarburants sont encouragés, car si l'autosuffisance pétrolière est quasi assurée grâce aux gisements sous-marins, elle ne l'est que jusqu'en 2040. Une puissante industrie automobile, implantée dès la fin des années 1950 à São Paulo, a vu sa géographie largement modifiée par l'ouverture des marchés et la présence de multiples constructeurs qui font du Brésil le premier producteur de véhicules[...]
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Écrit par
- Martine DROULERS : docteur en géographie, directrice de recherche au C.N.R.S.
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Médias