- 1. Une « brésilianité » inscrite dans le territoire
- 2. Le modèle brésilien de développement
- 3. Plusieurs Brésils
- 4. Le Sudeste, cœur du pays
- 5. Originalité de la région méridionale
- 6. L'Amazonie entre développement et préservation
- 7. La région de transition du Nord moyen
- 8. Le Nordeste, matrice de la brésilianité
- 9. Bibliographie
BRÉSIL Géographie
Capitale | Brasília |
Langue officielle | Portugais |
Unité monétaire | Real (BRL) |
Population (estim.) |
205 223 000 (2024) |
Superficie |
8 510 418 km²
|
Le Nordeste, matrice de la brésilianité
Le Nordeste est la deuxième macrorégion par son étendue (après l'Amazonie), 1,5 million de kilomètres carrés, et par sa population, 50 millions d'habitants, soit 29 p. 100 du total brésilien, mais dont le P.I.B. ne dépasse pas 13 p. 100 de la richesse nationale. Foyer traditionnel d'émigration, la région voit son importance décliner dans l'ensemble national, caractérisée par les plus bas indicateurs socio-économiques du pays, c'est-à-dire de forts taux d'analphabétisme, de mortalité infantile, d'emplois mal rémunérés, particulièrement dans l'intérieur. C'est aussi la région matrice du Brésil colonial, la plus métisse du pays, où la part des sangs mêlés dépasse les deux tiers de la population (et même les trois quarts dans la Bahia et le Maranhão) ; or les indices de pauvreté sont toujours plus élevés dans les familles de couleur. Deux sous-ensembles régionaux peuvent être distingués, fortement marqués par le poids de la tradition et les effets de la modernisation.
Le Nordeste péninsulaire
Le cœur du Nordeste (Ceará, Rio Grande do Norte, Paraíba, Pernambouc, Alagoas), qui regroupe 27,4 millions d'habitants, est quatre fois plus densément peuplé que le Nord moyen. Il est connu pour ses anomalies climatiques et sa légendaire richesse culturelle. Outre son liseré côtier d'immenses plages bordées de dunes, de cocotiers et de récifs littoraux formés de grès, qui ont donné leur nom à la ville principale, Recife, la renommée de celle-ci vient de la culture de la canne à sucre. Les régions intérieures fonctionnent en interaction avec ce littoral, d'abord par une série de gradins constitués de terrains cristallins décomposés, convenablement arrosés, formant le massif ancien de la Borborema, région de polyculture et d'élevage appelée Agreste, assurant l'approvisionnement alimentaire des zones peuplées du littoral. Enfin, la zone semi-aride du sertão présente à la fois des plaines sèches accidentées d'inselbergs aux fleuves à écoulement intermittent et des massifs isolés qui retiennent l'humidité. L'élevage extensif y est prédominant, les pluies ne sont pas absentes, mais huit mois par an la sécheresse est complète. Cette anomalie, généralement attribuée à la présence des masses d'air peu actives au niveau de l'équateur, génère une intense évapotranspiration faisant de cette zone la plus chaude de tout le Brésil. Le périmètre affecté par les sécheresses dépasse le million de kilomètres carrés, voué aux productions traditionnelles de bétail, cuirs et peaux, et de plantes textiles comme l'agave ou le sisal et surtout le cotonnier, arboré natif de la région ou herbacé à meilleurs rendements. De nouvelles productions proviennent des zones irriguées, spécialisées dans les cultures de fruits (mangues, melons, raisins...) et de légumes.
L'exploitation traditionnelle des marais salants sur le littoral, notamment dans le Rio Grande do Norte, qui fournit 80 p. 100 de la production brésilienne de sel, est dépassée en valeur par la vente de crevettes tropicales d'élevage, ainsi que par celle des noix de cajou, dont le Brésil est le troisième producteur mondial et qui assure un revenu minimum à 200 000 producteurs familiaux. État sertanejo par excellence, le Ceará présente, malgré d'immenses poches de pauvreté, un dynamisme de petites et moyennes entreprises remarquable, captant avec grande habileté des niches de marché, confection, chaussures, matériaux de construction. Son nouveau port de Pecém est devenu, au début du xxie siècle, le premier du Brésil pour l'exportation de fruits et de crustacés, tandis que la capitale Fortaleza connaît un important boom immobilier.
Néanmoins, la canne à sucre reste la première richesse de ce Nordeste péninsulaire, fournissant[...]
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Écrit par
- Martine DROULERS : docteur en géographie, directrice de recherche au C.N.R.S.
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Médias