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BRÉSIL La littérature

Recherche d'un éthos

Suspirospoéticos e saudades n'innovait ni dans la forme ni dans le fond ; l'emphase tente en vain d'ajouter quelque émotion à bien des lieux communs auxquels échappe un seul poème, « Napoleão em Waterloo ». Mais l'exemple de Gonçalves de Magalhães donna une grande impulsion au romantisme et exerça une influence considérable. Le grand poète de la première génération romantique est Antônio Gonçalves Dias (1823-1864), considéré encore aujourd'hui par beaucoup comme le plus grand de tous. Il retire beaucoup de la lecture des poètes portugais classiques, et ses Primeiroscantos (Chants, première série, 1847) Segundoscantos (Chants, seconde série, 1848) et Últimoscantos(Derniers Chants, 1861) constituent la première et la plus haute expression de la nature et de l'ambiance brésiliennes, particulièrement du thème indien, auquel il a consacré quelques-uns de ses plus beaux vers. On lui doit aussi des poèmes d'amour d'un lyrisme véhément.

Álvares de Azevedo

Álvares de Azevedo (1831-1852), malgré sa brève carrière, est une des figures les plus représentatives de la seconde génération romantique. On trouve dans ses Obraspoéticas (vol. I, 1853 ; vol. II, 1855) un mélange byronien de doute, de taedium vitae, de réalisme, d'humour et d'une mélancolie entretenue par une santé précaire. Junqueira Freire (1832-1855) est marqué par les trois années qu'il passa dans un couvent bénédictin. La vie de couvent fut pour lui une prison, la poésie une vengeance contre un mode de vie qui prive l'homme de sa liberté et de sa dignité. Le sentiment religieux et un érotisme exacerbé marquent Inspirações do claustro (Inspirations du couvent, 1855) et Contradiçõespoéticas (Contradictions poétiques, s. d.). Le meilleur de Luís Nicolau Fagundes Varela (1841-1875) est dans Cantos e fantasias (Chants et Fantaisies, 1865). Mais le plus important des poètes de cette époque est Casimiro de Abreu (1839-1860) qui évoque dans son unique recueil, As Primaveras (Les Printemps, 1859) avec une suave mélancolie, les décors de son enfance et ses souvenirs de jeunesse, l'amour et la peur d'aimer, dans une langue simple et mélodieuse. Dernier des romantiques, Antônio Frederico de Castro Alves (1847-1871) est le poète de la saudade, de la plénitude sentimentale et charnelle de l'amour. Ses évocations de la nature, caractérisées par une sensibilité visuelle et plastique, fixent des tableaux dans un style qui annonce certains aspects du Parnasse. Son adhésion à la cause abolitionniste s'exprime dans des compositions où il donne libre cours à une éloquence dramatique, fougueuse, pleine d'hyperboles et d'antithèses violentes, entachée parfois d'une certaine verbosité. À une sensibilité émoussée par trois siècles d'esclavage, il a su imposer l'esclave comme figure tragique. Espumas fluctuantes (Écumes fluctuantes, 1870), seul recueil publié de son vivant, Cachoeira de Paulo Afonso (La Cataracte de Paulo Afonso, 1876), Os escravos (Les Esclaves, 1883), Hinos do Ecuador (Hymnes de l'Équateur, 1921) représentent l'apogée du romantisme.

Vers le réalisme

C'était dans la prose, dans le roman et le conte que le romantisme devait trouver l'instrument de la découverte et de l'interprétation de l'éthos brésilien, passant du pittoresque au réalisme. Et moreninha (La Petite Brune, 1844), de Joaquim Manuel de Macedo (1820-1882), est à certains égards déjà un roman réaliste, dont la toile de fond est la société de Rio de Janeiro. On peut en dire autant des Memórias de umsargento de milícias (Mémoires d'un sergent des milices, 1852-1853), unique roman de Manuel Antônio de Almeida (1831-1861), rédigé dans une langue simple et directe, plein de péripéties et de personnages types, d'aperçus de la société pittoresque[...]

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, chargé de recherche au CNRS
  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Poitiers
  • : professeur des Universités
  • : maître de conférences honoraire de littérature comparée, université de Paris-X-Nanterre

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