BRÉSIL Le Brésil contemporain
Nom officiel | République fédérative du Brésil (BR) |
Chef de l'État et du gouvernement | Luiz Inácio Lula da Silva (depuis le 1er janvier 2023) |
Capitale | Brasília |
Langue officielle | Portugais |
Article modifié le
Avec la Constitution de 1988, le Brésil a mis un terme à la transition vers la démocratie amorcée à la fin du régime autoritaire (1964-1985). Depuis lors, des crises politiques et des amendements à la Constitution ont encore fait évoluer le cadre institutionnel. La destitution du président Fernando Collor de Mello, votée par le Congrès en 1992, a donné plus de pouvoir aux commissions législatives d'enquête, alors que l'amendement sur la réélection du président de la République, des gouverneurs et des maires, voté en 1998, offre une nouvelle opportunité aux titulaires des postes exécutifs de reconduire leur programme de gouvernement pour un second mandat. Ces mouvements parallèles, et parfois contradictoires, illustrent la difficile gestion gouvernementale dans un régime qui combine le présidentialisme avec le multipartisme, rendant instables les rapports entre le Congrès et la présidence de la République. Malgré ces contraintes, certains chefs d'État, tels que Fernando Henrique Cardoso (1995-2002) et Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2006), ont mis en œuvre des réformes sociales et une diplomatie brésilienne de plus grande envergure.
Par ailleurs, l'urbanisation du pays s'est poursuivie, même si les migrations rurales se sont ralenties. En 1960, 45 % de la population du pays vivait dans les villes, en 2010 c'était 84 %. De 2000 à 2010, la population est passée de 171 à 191 millions d'habitants (et à 201 millions en 2013). Cette croissance s'est caractérisée par l'augmentation de la pauvreté urbaine, expliquant l'extension des bidonvilles et de l'insécurité dans les grandes villes. Dans ces milieux défavorisés, les églises évangéliques ont progressé même si le catholicisme demeure la religion dominante. Parallèlement, il apparaît que les inégalités sociales continuent de se réduire, avec l'arrêt de l'inflation et les programmes gouvernementaux d'aide aux familles démunies.
La transition démocratique
Une longue tradition parlementaire engendra au Brésil un tissu politique original. Esquissée au xixe siècle et confirmée depuis lors, la décentralisation fédéraliste active des réseaux de pouvoirs présents dans les vingt-sept États et les plus de cinq mille cinq cents municipes de la fédération. En raison du caractère obligatoire du vote, ainsi que de l'interdiction du cumul de mandats, le pays est régulièrement mobilisé par divers scrutins. Malgré la répression politique, durant la dictature militaire (1964-1985), les élections pour le Congrès, les assemblées des États, ainsi que pour la majorité des maires et des conseillers municipaux se sont poursuivies tant bien que mal. Il existe donc un jeu politique diffus – une forme structurelle de « politique politicienne » – qui génère une couche importante de politiciens professionnels et une dynamique propre aux enjeux électoraux. Dans ce contexte, l'élection présidentielle est souvent apparue comme une projection, à l'échelle nationale, des accords qui façonnaient les élections régionales. Tel fut le cas des scrutins présidentiels ayant eu lieu sous la República Velha (1891-1930). En dépit des mutations de la Seconde Guerre mondiale, avec l'accentuation de l'urbanisation, l'élection de Kubitschek, en 1955, relevait de ce même schéma. La situation fut différente lorsque les élections nationales, mettant en lice des personnalités charismatiques, donnèrent lieu à des mobilisations populistes échappant aux ententes interrégionales et aux accords entre les partis traditionnels, comme ce fut le cas lors des élections de Vargas en 1950 et de Quadros en 1960, du référendum organisé par Goulart en 1963 et de l'élection de Collor de Mello en 1989. Le scrutin national suscite alors une vague de fond électorale qui ébranle le Congrès, les partis, les alliances entre les gouverneurs et l'exécutif fédéral. Pour remédier à ces inconvénients, la[...]
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Écrit par
- Luiz Felipe de ALENCASTRO : professeur d'histoire du Brésil, directeur du Centre d'études du Brésil et de l'Atlantique sud à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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