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BRETAGNE, région administrative

Les nouveaux défis bretons

Aujourd'hui, l'activité économique reste souvent atomisée en dehors d'un tissu coopératif qui a organisé l'agriculture et d'initiatives comme l'association Produit en Bretagne, créée en 1993, et qui regroupe en 2015 trois cent soixante sociétés comptant plus de 100 000 salariés au total.

La région est à la fois attractive et vieillissante, ce qui illustre les limites du concept « d'économie résidentielle » (services aux populations locales résidentes) et rappelle les enjeux du maintien des jeunes diplômés en Bretagne. Entre aujourd'hui et 2030, dans la région, le nombre des plus de 80 ans devrait être multiplié par deux et le phénomène prend un tour accusé en raison de l'importance des « retours au pays » et de l'attrait régional.

Ce dernier est réel et témoigne du capital de la région. La Bretagne dispose d'une image exceptionnelle qui lui vaut d'être la quatrième région touristique de France. De plus en plus de personnes font le choix d'y vivre – de façon temporaire ou permanente – en raison de la qualité de ses paysages et de son patrimoine historique (elle vient au deuxième rang, après Paris, pour le nombre de sites et monuments classés), de la qualité de son cadre de vie (rareté des pollutions atmosphériques, faible insécurité et deuxième région la moins criminogène de France, absence d'encombrement routier lié à la présence d'un réseau urbain relativement équilibré...).

Cet attrait suscite toutefois une hausse de l'immobilier et certains déséquilibres. En cent cinquante ans, de nombreuses îles bretonnes ont perdu 80 p. 100 de leur population et le tourisme en a chassé les habitants permanents. La Bretagne a également développé cette activité touristique en multipliant les résidences secondaires (80 p. 100 de l'offre), ce qui conduit à la raréfaction des paysages naturels, notamment à proximité d'un littoral très convoité et sur lequel la loi Littoral s'applique difficilement en raison de l'héritage d'un habitat dispersé. Il faut ajouter les transactions immobilières effectuées par des étrangers (majoritairement des Britanniques). En utilisant notamment les techniques du télétravail, les nouveaux habitants s'installent dans des espaces jugés il y a peu répulsifs (le centre de la Bretagne) et qui sont ainsi re-dynamisés (réouverture d'école, nouvelles activités artisanales...). Lors du recensement de 1999, le département des Côtes-d'Armor a enregistré, à la surprise générale, un solde migratoire positif avec l'arrivée de personnes souvent jeunes (60 p. 100 avaient moins de 40 ans).

Ces implantations démontrent les atouts insoupçonnés d'un mode d'habitat qui a souvent été présenté en Bretagne comme un handicap (faible métropolisation notamment...). L'identité bretonne, jadis vécue comme « honteuse » est aussi de plus en plus revendiquée et l'on constate un essor de l'enseignement bilingue français-breton, que ce soit dans les écoles Diwan, Div Yezh (publique) et Dihun (privée), même si le nombre d'enfants scolarisés en filière bilingue reste minoritaire.

Ainsi, sous différents aspects, la Bretagne a, depuis les années 1950, opéré une modernisation inédite et effectué son « rattrapage ». Elle cherche aujourd'hui à inventer son propre projet de développement et dispose d'un potentiel remarquable pour devenir une région européenne majeure.

— Jean OLLIVRO

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Rennes-II-Haute-Bretagne
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Médias

Bretagne : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Bretagne : carte administrative

Lorient - crédits : Alexandre.ROSA/ Shutterstock

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