BRIDGE
Le bridge, ou plus exactement bridge contrat, peut être considéré comme le roi des jeux de cartes. Non parce qu'il serait réservé à une élite sociale ou parce qu'il serait le meilleur des jeux de cartes, mais parce qu'il est assurément le seul qui bénéficie d'une règle parfaitement codifiée et acceptée dans le monde entier. Ce statut lui vaut de rivaliser avec les échecs dans le domaine des sports cérébraux. Le bridge est pratiqué aujourd'hui par des millions de joueurs, principalement en Amérique et en Europe (plus de cent pays). Pourtant, l'aspect studieux des tournois, fussent-ils du plus haut niveau, attire peu l'attention des médias sur ce jeu puissant et subtil. Le grand public ignore le plus souvent que la France se classe parmi les meilleures équipes.
Héritier du whist, qui l'avait précédé dès le xviiie siècle dans la voie des jeux de grand rayonnement, le bridge en a gardé un jeu de la carte aux règles très simples. Toutefois, l'atout n'y est pas déterminé par la retourne de la dernière carte mais au prix d'une séquence initiale d'enchères. Au terme de celle-ci, le joueur qui a nommé en premier la couleur du contrat final – ou déclarant – va conduire le jeu, dans la formule qu'il a choisie. Son adversaire de gauche a le privilège de l'entame et, celle-ci faite, le partenaire du déclarant, qui est en face de lui, étale son jeu au vu de tous et « fait le mort ». C'est le langage très particulier et codifié des enchères qui fait la difficulté du jeu, car les contrats les plus précis sont les mieux rétribués.
Règles
Le bridge nécessite un jeu de 52 cartes et quatre joueurs, qui jouent en deux camps opposés, les partenaires se faisant face. Dans chaque couleur, l'ordre des cartes va en décroissant de l'as au deux, c'est-à-dire que l'as est plus fort que le roi, lui-même plus fort que la dame, etc. Le bridge est un jeu de levées pour les levées avec atout : à chaque coup, les joueurs sont invités à mettre une carte sur la table qui corresponde à la couleur demandée ; en cas de manque, un joueur peut couper, c'est-à-dire jouer atout, ou « défausser », s'il le préfère, une petite carte d'une autre couleur. Il est interdit de couper ou défausser si l'on a de la couleur demandée. Celui qui a mis la plus forte carte, soit dans la couleur, soit en coupant – l'atout ayant le dernier mot – gagne la levée (ou pli) et joue en premier au coup suivant, en mettant la couleur de son choix. On peut aussi jouer sans atout. Les levées des partenaires s'additionnent ; c'est le camp qui a fait le plus de levées et, dans le bridge contrat, celui qui a réalisé le contrat déclaré, qui gagne.
Le donneur distribue à chacun treize cartes, une à une, répartissant ainsi la totalité du paquet. Chaque joueur examine son jeu, puis les enchères commencent, à partir du donneur. Par convention, on utilise un chiffre, entre un et sept, qui annonce le nombre de levées au-delà de six (minimum exigible pour gagner). On y associe une couleur, dans l'ordre croissant trèfle, carreau, cœur, pique, sans-atout, ce dernier constituant en quelque sorte une cinquième couleur. Les annonces se font à tour de rôle, en commençant par « un trèfle », « un carreau », etc., jusqu'à « sept sans-atout », qui promet ainsi de faire toutes les levées sans atout (grand chelem). Les enchères forment une sorte de dialogue codé où chaque joueur s'efforce de donner à son partenaire le maximum d'indications sur son jeu. L'idéal est de parvenir à une perception assez précise des forces en présence pour conclure le meilleur contrat possible – d'où le nom donné à la forme actuelle du bridge. Mais, si l'équipe adverse estime ce contrat irréalisable, elle peut contrer, à quoi le camp déclarant, s'il est vraiment sûr de lui, peut opposer un surcontre. Le contre a pour effet[...]
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Écrit par
- Thierry DEPAULIS : licencié ès lettres, ingénieur du Conservatoire national des arts et métiers, historien du jeu
Classification
Média
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