BARDOT BRIGITTE (1934- )
Star ou « femme enfant », vamp ou sauvageonne, adulée ou décriée, adorée ou honnie, Brigitte Bardot, dite B.B., a constitué assurément le mythe féminin le plus évident du cinéma des années cinquante. Des ouvrages multiples lui ont été consacrés ; des études signées d'auteurs célèbres comme Simone de Beauvoir, Marguerite Duras ou François Nourissier l'ont choisie pour thème. Elle a battu tous les records de box-office et déchaîné la presse du monde entier. La France, longtemps hostile au « phénomène Bardot », a fini par reconnaître les mérites incontestables de la vedette et l'a définitivement consacrée en lui demandant de poser pour la sculpture du buste de sa Marianne nationale ! Or, de l'avis général, ce n'est pas à ses dons de comédienne que l'actrice doit sa célébrité. Il faut attribuer l'existence du mythe Bardot au fait que B.B. a représenté un moment de l'histoire des mœurs en incarnant le personnage d'une femme totalement libre, à l'écran comme à la ville, dont l'impudicité joyeuse et l'amoralisme, provocant pour l'époque, coïncidèrent avec un courant de révolte contre les principes de la morale « bourgeoise ». Pour toute une génération, B.B. a symbolisé le comble de la féminité voluptueuse, la revanche et le triomphe de l'érotisme, vécu avec santé et bonheur, l'épanouissement de la sensualité débridée. Pourtant, avant elle, de nombreuses actrices s'étaient déjà déshabillées à l'écran. Le fait en lui-même n'était pas nouveau. S'il a pris une telle résonance avec Brigitte Bardot, c'est parce que, en renversant certains tabous, l'actrice imposait un style de femme et de féminité et rompait, en même temps, avec la star du cinéma hollywoodien. Par son aspect « retour à la nature », son apparence espiègle et sans apprêt, par son côté femme enfant, B.B. inventait un nouveau type de beauté qui lui conférait une accessibilité fictive plus grande : « Je suis tombée, dit-elle, à un moment où il n'y avait pas d'actrice de mon style. On en restait aux stars et aux femmes fatales inabordables. J'étais — je le suis encore — le contraire : naturelle, pas sophistiquée, identique à l'écran et ailleurs. Et puis, j'ai le physique des filles de mon époque. Elles se reconnaissent en moi. »
Issue de la haute bourgeoisie parisienne, Brigitte Bardot est née le 28 septembre 1934 à Paris. Elle se destinait à la danse classique. Roger Vadim la remarqua, l'épousa et fit d'elle une vedette à scandale avec Et Dieu créa la femme (1956). Le film qui comportait beaucoup de scènes « osées » éclata comme une bombe aux États-Unis et détermina la renommée et la carrière de l'actrice. Dès lors, le public, conditionné, alla voir les films de « la Bardot », que ce soit pour la dénigrer ou pour l'admirer. Il faut reconnaître que, mis à part La Vérité (de Henri-Georges Clouzot, 1960) où l'actrice se révéla excellente comédienne et Le Mépris (de Jean-Luc Godard, 1963), la carrière de B.B. (au total une quarantaine de films) n'est pas marquée par de grandes œuvres. On peut citer parmi les plus populaires : Cette Sacrée Gamine (Michel Boisrond, 1955), En effeuillant la marguerite (Henri Verneuil, 1956), En cas de malheur (Claude Autant-Lara, 1958), La Femme et le Pantin (Julien Duvivier, 1958), Babette s'en va-t-en guerre (Christian Jacques, 1959), Vie privée (Louis Malle, 1961), Le Repos du guerrier (Roger Vadim, 1962), Viva Maria (Louis Malle, 1965), À cœur joie (Serge Bourguignon, 1967). L’année 1967 est aussi marquée par sa collaboration avec Serge Gainsbourg, dont elle interprète plusieurs chansons qui feront date (Harley Davidson, Bonnie and Clyde, Comic Strip…). Brigitte Bardot tourne encore quelques films : L’Ours et la poupée[...]
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Écrit par
- Françoise PIERI : critique de cinéma
- Aldo TASSONE : maître assistant à la faculté d'histoire du cinéma de Rome, critique de cinéma
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