MASSIN BRIGITTE (1927-2002)

Le nom de Brigitte Massin reste indissociable de celui de Schubert, auquel elle a consacré de longues recherches musicologiques et un ouvrage très complet qui fait toujours autorité.

Brigitte Massin voit le jour à Roubaix, le 21 juillet 1927, dans une grande famille du Nord. Mais ses convictions l'éloignent du berceau familial. Elle épouse un personnage hors normes, Jean Massin (1917-1986), prêtre défroqué et historien, avec lequel elle entreprend des travaux musicologiques. Dans ce domaine, sa formation est totalement autodidacte. En 1955, tous deux publient un premier livre, consacré à Beethoven, puis, en 1959, un ouvrage sur Mozart, qui connaîtra plusieurs éditions. À l'occasion du bicentenaire de la naissance de Beethoven, en 1970, Brigitte et Jean Massin présentent à la télévision, avec Max-Pol Fouchet, une série de quarante-six émissions consacrées au maître allemand, modèle de didactisme pénétrant, complétée par une série de cinquante émissions radiophoniques. Brigitte Massin participe à des débats et produit des émissions sur France Culture et sur France Musique. En 1977, elle signe seule une somme considérable dédiée à Schubert, ouvrage sans précédent dans la musicologie française. Ses confrères allemands et autrichiens la considèrent alors sous un autre jour : la méfiance traditionnelle des musiciens et musicologues d'expression germanique à l'égard des Français qui touchent à leur patrimoine s'effrite peu à peu. Elle est invitée à des colloques et congrès. La journaliste travaille au Matin de Paris (1977-1987) puis au Républicain lorrain. Elle est aussi rédactrice en chef de Panorama-Musique (1980-1983). En 1985 paraît le dernier livre auquel elle aura travaillé avec son mari, une Histoire de la musique occidentale, ouvrage collectif dont ils ont partagé la direction et dans lequel ils se sont attachés, selon leurs propres dires, « à mettre en lumière les situations socio-historiques de la musique à travers les siècles ». En 1989, elle consacre à Olivier Messiaen une monographie entrecoupée de témoignages du compositeur lui-même. À l'occasion du bicentenaire de la mort de Mozart, en 1991, elle fait paraître le Guide des opéras de Mozart. Pour la Réunion des musées nationaux, elle dirige La Petite Encyclopédie de la musique (1997), ouvrage collectif de vulgarisation intelligente, remarquablement illustré. Puis elle publie un ouvrage sur la famille Joachim, depuis Joseph, le violoniste, l'ami de Brahms, jusqu'à Irène, la chanteuse, l'inoubliable Mélisande, proche de Brigitte Massin par l'amitié, les convictions et l'engagement politique. Elle meurt à Paris le 5 octobre 2002.

Brigitte Massin a contribué au développement d'une musicologie à la française, sachant parler un langage accessible au plus grand nombre sans renier la nécessité d'une recherche approfondie. Par rapport à la musicologie allemande ou anglo-saxonne, son approche semble plus musicographique, celle d'une historienne de la musique ; l'analyse est réduite à son plus simple élément. Mais l'enthousiasme et la curiosité priment toujours et elle sait mettre en valeur le détail qui passionnera le lecteur.

— Alain PÂRIS

Bibliographie