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BRISSOT DE WARVILLE JACQUES PIERRE BRISSOT dit (1754-1793)

Jacques Pierre Brissot - crédits : Musée Carnavalet/ Paris Musées ; CC0

Jacques Pierre Brissot

Sous la Législative, « brissoter » voulait dire « intriguer », voire « voler ». Cela situe assez bien le personnage de Brissot. Pour Jaurès, il fut le « médiocre Méphistophélès de la Gironde », « un esprit remuant et brouillon, plein d'une haute idée de lui-même ». Mme Roland avait été plus indulgente : « Gai, naïf, ingénu, il est fait pour vivre avec des sages et pour être la dupe des méchants. » Pour G. Lefèbvre, historien contemporain : « Aujourd'hui, il semble que l'on peut se contenter de dire que c'était un homme léger qui ne prévoyait pas le mal et qui, ne sachant pas haïr, ne prévoyait pas qu'on pourrait lui chercher noise pour des faits auxquels il attachait peu d'importance. »

Né à Chartres, Brissot passe son enfance à Ouarville qu'il anglicise en Warville et, comme beaucoup de futurs républicains, il s'attribue une particule de complaisance. Avant la Révolution, on le retrouve voyageur, homme de plume infatigable, affairiste besogneux. Il séjourne en Angleterre, en Suisse (où il se lie avec le banquier Clavière), aux États-Unis. Puis il publie, en 1780, une Théorie des lois criminelles où l'on peut lire : « La propriété c'est le vol » (formule que Proudhon se défendra d'avoir plagiée).

En 1786, il fonde à Paris la Société des amis des Noirs, pour la suppression de l'esclavage aux colonies, qui jouera un grand rôle dans la formation de l'esprit public. À partir du 6 mai 1789, il fait paraître Le Patriote français, et c'est à lui que les vainqueurs de la Bastille remettent les clés de la citadelle de l'absolutisme. Il se place, tour à tour, au service de La Fayette et à celui du duc d'Orléans à qui, après Varennes, il songe à faire offrir la régence alors que, dans le même temps, Le Patriote français se déclare farouchement républicain. Élu à la Législative, il y devient, par son assurance, par l'influence de son journal, par ses talents d'orateur et son habileté, le chef des « brissotins » à qui la postérité donne, le plus souvent, le nom de Girondins. Il se montre le plus farouche partisan d'une politique belliqueuse et d'une guerre préventive dans le but de défendre la Révolution contre les menées des émigrés et des contre-révolutionnaires, de la propager, de l'affermir en France, de forcer le roi à prendre parti pour ou contre elle. Il milite en faveur de l'alliance britannique et, pour l'obtenir, propose de « mettre les Anglais en possession de Calais et de Dunkerque ».

Pamphlétaire appointé des banquiers et des hommes d'affaires, comme Clavière, il ne manque jamais, en plaidant pour la guerre, de dire qu'en déjouant définitivement, par la victoire, les espérances de la contre-révolution, elle rétablira la confiance et redressera le cours de l'assignat. Au cours du printemps de 1792, il ne cesse de dénoncer le « comité autrichien », c'est-à-dire le triumvirat (Barnave, Lameth, Duport) et La Fayette. Le 9 juillet 1792, il s'écrie : « On vous dit de craindre le roi de Prusse et le roi de Hongrie, frappez la cour des Tuileries et vous les aurez tous atteints ! » Il fait déclarer la « patrie en danger » (11 juill.) et il est l'un des organisateurs de la journée du 20 juin et, affirme-t-il, de celle du 10 août. En 1793, il vote la déclaration de guerre à la Hollande et à l'Angleterre, mais il perd, peu à peu, la confiance des sans-culottes parisiens et, de ce fait, toute influence sur la Convention. Accusé de fédéralisme, décrété d'arrestation le 2 juin 1793, il est exécuté le 31 octobre.

— Roger DUFRAISSE

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, maître assistant à l'université de Caen

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Jacques Pierre Brissot - crédits : Musée Carnavalet/ Paris Musées ; CC0

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