BRONZES ANTIQUES
Les bronzes grecs
L'époque dite « géométrique », celle qui se termine par l'ouverture de la Grèce à l'Orient et son expansion en Occident, dans la seconde moitié du viiie siècle avant J.-C., n'a d'abord été, pour les objets de bronze, étudiée que timidement. Quelques articles seulement avaient paru depuis le volume, fondamental, consacré en 1890 par A. Furtwaengler aux bronzes d'Olympie. Depuis 1950, l'étude des trouvailles d'Olympie et de Delphes a établi les grandes lignes de l'histoire des trépieds, offrandes majeures dans les principaux sanctuaires, dont ils nous éclairent ainsi les débuts. Les statuettes humaines et animales, indépendantes ou fixées sur les trépieds, montrent de leur côté que l'originalité stylistique des écoles régionales (Sparte, nord-est du Péloponnèse, Attique), qui caractérise la plastique du vie siècle, se dessine dès le viiie siècle. L'importance relative des diverses régions apparaît ainsi, et cela complète et corrige ce que la céramique seule suggérait : en particulier, Athènes est ici très en retard sur le Péloponnèse, et sans production notable avant le milieu du viiie siècle. Les objets de bronze devraient permettre aussi de revenir bientôt sur un problème un peu oublié : la ressemblance de séries abondantes de pendeloques en forme d'oiseau et de certaines fibules avec ce qu'on trouve dans le nord des Balkans.
Du milieu du viiie siècle au milieu du viie, le phénomène fondamental qu'est l'ouverture de la Grèce aux influences orientales nous est connu par les sites où les Grecs se sont installés en Orient, dont le plus important est Al Mina, près de l'embouchure de l'Oronte. En Grèce même, et en Italie, comme les tissus brodés ont disparu et que les ivoires sont assez rares, ce sont les bronzes qui nous apprennent le plus ; nous pouvons confronter, sur des séries assez nombreuses, les importations orientales et les imitations « orientalisantes » qui s'y mêlent dès le début. Ici aussi, après un livre précurseur (F. Poulsen, Der Orient und die frühgriechische Kunst, 1912), il a fallu attendre le lendemain de la Seconde Guerre mondiale ; depuis, l'étude des appliques de chaudrons orientaux, protomés de griffon et de taureau, bustes de sirènes, en Orient même, en Grèce (Samos, Olympie), en Étrurie, a permis de cerner le phénomène. Bien des questions restent posées, notamment sur l'origine précise (Syrie du Nord ou Ourartou) des exemplaires orientaux. Mais il est certain que, sauf à l'Héraion de Samos, toujours directement lié à Chypre, seuls certains types d'objets, et d'une région particulière, sont parvenus en Grèce ; le rôle des comptoirs de l'Oronte est évident. Le cas des bronzes de Crète, en particulier ceux de la caverne de l'Ida, reste tout à fait à part : les types d'objets, leur origine ne sont pas les mêmes.
En revanche, on n'a guère progressé, depuis le livre général de Jenkins, Dedalica, paru en 1936, dans l'étude des statuettes et objets contemporains des débuts de la sculpture de pierre, liée par les Modernes au nom de Dédale, sinon à propos des armes crétoises décorées, et pour déceler, dans quelques trouvailles de Grande-Grèce et de Sicile, que le style « dédalique » a connu des variantes occidentales qui expliquent ses prolongations en Étrurie.
Pour l'archaïsme du vie siècle et pour la première moitié du ve, jusqu'au moment où la prééminence d'Athènes et l'influence des grands sculpteurs font disparaître les styles locaux, les études sont innombrables, dans la ligne des Frühgriechische Bildhauerschulen de E. Langlotz (1927). Depuis cette date, outre des précisions, des compléments, des rectifications portant sur les écoles continentales définies par Langlotz, c'est surtout à propos des îles[...]
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Écrit par
- Claude ROLLEY : professeur émérite de l'université de Bourgogne
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