BRONZES ANTIQUES
Les bronzes étrusques
Depuis les années soixante-dix, plusieurs livres mettent fin à une longue période où l'étude des bronzes étrusques n'avait guère progressé. Les statuettes archaïques, étrusques proprement dites ou « ombro-sabelliques » – dans deux études générales –, les bronzes archaïques au repoussé, les miroirs, des objets divers – dans des catalogues de collections parvenues dans des musées non italiens – ont été étudiés de façon neuve. En général, cela met en valeur l'activité de centres nombreux souvent spécialisés dans tel ou tel type d'objets : la géographie de ces bronzes est généralement plus claire que leur chronologie.
La période la mieux étudiée est celle des débuts, car l'apparition des objets importés est directement liée aux phénomènes par lesquels on tend à expliquer aujourd'hui la naissance du fait étrusque. La production « villanovienne », avec surtout des objets en tôle décorés au repoussé (casques, boucliers, récipients, trônes), cède peu à peu la place aux bronzes orientaux et orientalisants en Étrurie du Sud, mais se prolonge tard au nord. Les bronzes au repoussé garderont une place importante jusqu'à un groupe de trépieds et de chars, faits sans doute à Cerveteri vers la fin du vie siècle, avec un riche décor d'influence ionienne. Des études en cours sur le matériel des riches tombes orientalisantes de Cerveteri et de Palestrina, fouillées au xixe siècle, permettront de leur attribuer des dates compatibles avec le contexte qui est celui des mêmes objets (chaudrons à protomes de griffon et sirènes en particulier) en Grèce.
Bien des problèmes que posent les bronzes étrusques des périodes suivantes restent ceux de l'ensemble des arts figurés de cette région : influence plus sensible qu'en Grèce de certains objets orientaux, phéniciens ou égyptiens ; liens des bronzes « dédaliques » étrusques avec la Grande-Grèce plutôt qu'avec la Grèce propre ; nature et modalités des influences successives, ionienne puis attique – celle-ci, vers le début du ve siècle, faisant trop souvent oublier aux commentateurs les liens, visibles et attestés par les textes, avec Égine. La production de Vetulonia à la haute époque archaïque est connue depuis longtemps. L'attribution des trépieds et candélabres à décor figuré du vie siècle à Vulci n'est que très probable, de même que la production des bassins de Chiusi, influencée par les chaudrons de Campanie. Un point apparaît de plus en plus, en effet : pour les arts figurés, l'Étrurie est liée aux autres régions de l'Italie non grecque, et, bien souvent, c'est d'art ou d'artisanat « étrusco-italique » qu'il faut parler, quitte à en distinguer ensuite les faciès locaux. Les chefs indigènes de Lucanie, même tout proches des colonies grecques de la côte, préféraient emporter dans leurs tombes des vases étrusques, alors que, dans les Pouilles, les productions grecques, venues à travers l'Adriatique, dominent.
C'est à propos des vases parvenus en grand nombre dans l'Europe occidentale de l'Âge du fer, jusqu'en Bavière et en Rhénanie, que les recherches postérieures à la Seconde Guerre mondiale ont apporté le plus d'éléments nouveaux : au sujet des « situles tronconiques » sans doute faites, pour la plus grande part, en Istrie-Vénétie, des « cistes à cordons » cylindriques de la même zone, des « œnochoés à bec » faites en Étrurie du Sud et à Bologne, imitées dans la vallée du Tessin, des « stamnoi » du ve siècle.
Ce sont aussi des objets, miroirs et cistes gravés, qui ont été le plus étudiés pour l'époque classique et hellénistique, davantage pour les représentations mythologiques qu'ils portent que pour leur chronologie ou leur localisation précises. Pour les cistes, au moins,[...]
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Écrit par
- Claude ROLLEY : professeur émérite de l'université de Bourgogne
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