BRUGES
Le port de Zeebrugge
À côté du tourisme et d'une activité importante dans le secteur des constructions mécaniques et électriques, le secteur des transports est très spécifique de l'économie brugeoise.
En effet, de 1896 à 1907, un canal fut creusé de Bruges à Zeebrugge (« Bruges maritime »), avec une écluse donnant sur la mer du Nord. L'objectif était de créer un second port en bord de mer (le premier étant Ostende), protégé par une longue jetée pour ne pas devoir transiter par les eaux néerlandaises ni passer par le chenal de l'Escaut, comme c’est le cas pour atteindre Anvers ou Gand. L'espace le long du canal et l'accès à la mer furent annexés au territoire communal brugeois en 1899-1901.
Pendant la Première Guerre mondiale, les Allemands utilisèrent Zeebrugge comme base de sous-marins, ce qui amena les Anglais à tenter de bloquer le port en y coulant des navires chargés de ciment (avril 1918). Durant l'entre-deux-guerres, le port resta modeste. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Zeebrugge fut bombardé par les Alliés et complètement démantelé par les Allemands en 1944.
À partir du milieu des années 1960, un grand programme d'investissements fut lancé, malgré la résistance d'Anvers et de Gand, qui craignaient cette concurrence. Zeebrugge est ainsi devenu le huitième port par le volume de son trafic sur la façade maritime Le Havre-Hambourg, avec un trafic annuel d’environ 50 millions de tonnes, voisin de ceux de Dunkerque et de Calais. Il est spécialisé dans le trafic de ferries à destination de l’Angleterre, dans le trafic roulier et en particulier celui de voitures neuves et d’occasion (premier port européen), dans le trafic de conteneurs et dans l’importation de gaz méthane liquéfié (dont la manutention est interdite à Anvers et à Gand pour des raisons de sécurité), de produits agricoles et de produits papetiers scandinaves. Zeebrugge est relié à son hinterland par des gazoducs. Il est aussi devenu le point d'arrivée du Seapipe I, une conduite sous-marine d'une longueur de 814 kilomètres acheminant le gaz des gisements norvégiens de la mer du Nord et faisant partie d'un réseau sous-marin de 7 800 kilomètres, aboutissant aussi en Norvège, au Royaume-Uni, en Allemagne et en France (Dunkerque). Depuis 2022, le port a fusionné avec celui d’Anvers (pour former le Port of Antwerp-Bruges), dont il est complémentaire.
Le port se divise en trois parties. L’avant-port, considérablement agrandi à partir de la fin des années 1960, gagné sur la mer, est encadré par deux jetées de 4 kilomètres. Il concentre le trafic des ferries vers l’Angleterre et des bateaux de croisière, celui des conteneurs et des méthaniers, qui ne peuvent pas franchir les écluses pour des raisons de sécurité. Au fond de l’avant-port se trouvent le port militaire, qui abrite la petite flotte spécialisée dans le dragage des mines, le port de plaisance et le port de pêche, le premier de Belgique (environ 55 % des débarquements de poissons et 52 % des bateaux de pêche, devant Ostende). Le port intérieur, accessible par les écluses Visart (1905) et Pierre-Vandamme (1985) – cette dernière étant adaptée aux navires de 175 000 tonnes (500 m de longueur, profondeur utile de 17,5 m) et baptisée du nom du bourgmestre de Bruges (1956-1971) qui lança les travaux – est organisé autour de trois grands bassins et deux petits. Il concentre la logistique des voitures et le trafic des produits agricoles. Entre le port intérieur et l'avant-port est enclavée la petite localité de Zeebrugge. Enfin, le port-canal accueille des activités industrielles le long du canal maritime Baudouin (12 km), qui relie Zeebrugge à Bruges.
L'activité du port n'a toutefois pas la même imbrication dans le reste de l'économie urbaine qu'à Anvers. D'une part, Zeebrugge est isolé de la ville par une zone rurale[...]
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Écrit par
- Christian VANDERMOTTEN : docteur en sciences géographiques, professeur émérite à l'Université libre de Bruxelles, membre de la classe des lettres de l'Académie royale de Belgique, président de la Société royale belge de géographie
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