BRUNEI
Nom officiel | Negara Brunei Darussalam (BN) |
Chef de l'État et du gouvernement | Le sultan Hassanal Bolkiah (depuis le 4 octobre 1967) |
Capitale | Bandar Seri Begawan |
Langue officielle | Malais 1
|
Unité monétaire | Dollar de Brunei (BND) |
Population (estim.) |
455 400 (2024) |
Superficie |
5 765 km²
|
L'indépendance redoutée
À la suite de ces événements, et jusqu'à la fin des années 1970, le sultan de Brunei se méfiera des intentions de la Malaisie qui offre refuge aux rebelles en exil et de l'Indonésie qui a soutenu Azahari au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. En revanche, il noue avec Singapour, exclu de la Fédération de Malaisie en 1965, les meilleures relations, englobant une coopération militaire.
En 1967, une reprise des revendications en faveur de l'indépendance pousse le sultan à abdiquer en faveur de son fils, Hassanal Bolkiah, qui, à vingt et un ans, vient de terminer ses études à l'académie militaire de Sandhurst. Mais, jusqu'à sa mort, survenue à la fin de 1986, l'ancien sultan conservera une influence décisive. Ce n'est qu'avec beaucoup de réticence, après avoir reçu des assurances de ses voisins malais et indonésien et après avoir obtenu des garanties contre la possibilité d'une nouvelle rébellion (maintien à Brunei d'un régiment de Gurkhas britanniques), que le sultan consent à renoncer en 1979 à la protection britannique et fixe avec Londres l'indépendance du sultanat au 1er janvier 1984.
À peine indépendant, Brunei devient le sixième membre de l' A.N.S.E.A., solide garantie politique vis-à-vis de ses voisins avec qui il entretient désormais d'excellentes relations. Quant à la libéralisation politique tant attendue, elle n'a pas eu lieu. Depuis 1962, l' état d'urgence est en vigueur. La famille royale contrôle le gouvernement : le sultan est Premier ministre et ministre de la Défense, ses frères ont les Affaires étrangères et les Finances. Le remaniement d'octobre 1986 a montré que le sultan entendait par ailleurs faire davantage appel à des technocrates. En revanche, le Parti national démocratique de Brunei, dont la création avait été autorisée en 1985, a été interdit en 1988, sans doute pour avoir réclamé la fin de l'état d'urgence, des élections et une répartition plus équilibrée des revenus pétroliers. Pas de partis politiques donc, mais les huit dirigeants encore emprisonnés, certains depuis 1962, ont été libérés en 1990.
C'est bien en monarque absolu que le jeune sultan entend mener la modernisation de Brunei. Grâce au pétrole, le pays jouit d'une prospérité exceptionnelle. Le revenu annuel par habitant est un des plus élevés du monde : 25 700 dollars environ en 2005 – chiffre moyen qui ne rend pas compte des disparités. Il n'y a pas d'impôts, l'éducation et les soins médicaux sont gratuits. On recense une voiture pour quatre personnes. Il n'y a, bien sûr, pas de dette extérieure, la balance commerciale étant largement excédentaire. Ce qui permet de parler, au lieu de welfare state, de shellfare state, puisque c'est la Brunei Shell qui est le principal exploitant des hydrocarbures dont elle partage les bénéfices à parts égales avec le gouvernement de Brunei. Seule entorse à ce monopole : la société française Total a obtenu le droit d'exploiter une partie des ressources gazières du sultanat.
Le sultan a été désigné comme l'homme le plus riche du monde. Il s'est fait construire un immense palais (pouvant éventuellement devenir une forteresse), et il a de coûteux passe-temps : par exemple, tirer un Exocet pour le tester in situ. Il a aussi un sens aigu des affaires pour investir à l'étranger les bénéfices pétroliers du sultanat, au point que, grâce aux revenus de ces investissements, ni une crise du pétrole ni l'épuisement des réserves connues de Brunei en hydrocarbures, déjà prévisible, ne paraissent devoir remettre en cause la prospérité du sultanat. Néanmoins, la quasi-faillite, en 1998, du groupe Amedeo, chargé de ces investissements, a constitué un sévère avertissement, même si elle n'a pas obéré durablement la prospérité du sultanat.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Françoise CAYRAC-BLANCHARD : chargée de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
ASEAN (Association of South East Asian Nations) ou ANSEA (Association des nations du Sud-Est asiatique)
- Écrit par Anne-Marie LE GLOANNEC
- 226 mots
-
ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales
- Écrit par Manuelle FRANCK , Bernard HOURCADE , Georges MUTIN , Philippe PELLETIER et Jean-Luc RACINE
- 24 799 mots
- 10 médias
...territoires reposent sur l'exploitation, par Penang essentiellement, des complémentarités engendrées par le différentiel de niveau de développement. À l'est, l'ensemble BIMP-EAGA (Brunei-Indonesia-Malaysia-Philippines-East ASEAN Growth Area), qui associe Mindanao au sud des Philippines, les États malaisiens... -
BANDAR SERI BEGAWAN
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 210 mots
- 2 médias
Capitale du sultanat de Brunei, Bandar Seri Begawan (Brunei Town jusqu'en 1970) se dresse le long de la Brunei près de l'embouchure de la baie du même nom, dans la mer de Chine méridionale. Centre de commerce agricole et port fluvial, la ville avec son agglomération compte 100 000 habitants environ...
-
BORNÉO ÎLE DE
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 1 132 mots
- 1 média
Une des plus grandes îles du monde, Bornéo est située à l’est de la péninsule malaise, dans les grandes îles de la Sonde. Elle est baignée par la mer de Chine méridionale au nord-ouest et, en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre, par la mer de Sulu, la mer de Célèbes, le détroit de Macassar...