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BARBEY BRUNO (1941-2020)

Bruno Barbey est un photographe français, né le 13 février 1941 à Rabat. Troisième des cinq enfants d'un contrôleur civil du protectorat français au Maroc, il passe sa jeunesse entre les villes de Rabat, Salé, Marrakech et Tanger. Ses lectures de Saint-Exupéry l'incitent à se présenter au brevet de pilote d'avion à l'âge de seize ans avant d'achever à Paris ses études secondaires. En compagnie de trois camarades du lycée Henri-IV, Éric Rohmer, Barbet Schroeder et Pierre Cottrell, tous passionnés de cinéma, il découvre les néoréalistes italiens à la cinémathèque de Chaillot. Renonçant aux études supérieures, le bachelier s'inscrit à l'École des arts et métiers de Vevey en Suisse pour y suivre une formation en arts graphiques et en photographie publicitaire. Après une année de cours en studio, Bruno Barbey décide de partir seul en Italie, muni de son appareil, avec le projet de donner une vision personnelle du pays de Fellini, Antonioni et Pasolini. Plusieurs voyages suivront, qui permettront au nouveau photographe de constituer une somme d'images assez importante pour qu’il sollicite un rendez-vous avec Robert Delpire. L'éditeur, qui avait publié en 1962 Les Américains, recueil de Robert Frank, et qui travaillait sur Les Allemands de René Burri, laisse entrevoir la possibilité d’un troisième volume : Les Italiens. Le livre ne paraîtra qu’en 2002, aux éditions de La Martinière.

La carrière de Bruno Barbey commence vraiment avec l'importante commande des éditions Rencontres, de Lausanne, qui le conduit à travers l'Europe et l'Afrique pour constituer l'illustration d'une demi-douzaine d'ouvrages. Sa rencontre avec Robert Delpire lui a ouvert l'accès du bureau parisien de l'agence Magnum Photos qu’il intègre en 1966. Tout en continuant une œuvre d'auteur entrecoupée de collaborations ponctuelles pour le magazine Vogue, Bruno Barbey réalise de nombreux reportages sur l'actualité mondiale. L'année 1967 le voit couvrir les troubles et la famine qui ravagent le Biafra, le bombardement du port de Suez par l'aviation israélienne, le voyage du général de Gaulle en Pologne, les parades du cinquantenaire de la révolution d'Octobre à Moscou. Témoin attentif des épisodes de mai 1968 à Paris, jusqu'au défilé gaulliste sur les Champs-Élysées, Barbey multiplie les reportages publiés par les grands titres internationaux comme Stern, Life, Paris Match ou National Geographic. En 1970, année de sa rencontre avec la cinéaste Caroline Thiénot, qui deviendra sa femme, il entame, en collaboration avec Jean Genet, un travail sur la question palestinienne avant de couvrir les conflits et les tragédies récurrentes au Vietnam, au Bangladesh, en Jordanie. Au cours de la seule année 1973, Bruno Barbey signe plusieurs reportages, dont le siège de Phnom Penh par les Khmers rouges, la guerre du Kippour au Proche-Orient et les derniers mois de la présidence de Salvador Allende au Chili.

Photographe de l'événementiel, Bruno Barbey ne cache pas sa préférence pour les sujets au long cours, dans la permanence des civilisations et des cultures. Plusieurs pays seront ainsi visités avec un regard de voyageur, donnant lieu à une suite de publications : Iran (1976), Nigeria (1978), Bombay (1979), Pologne (1982), Le Gabon (1984), Portugal (1988), Fez immobile (1996). Tout en continuant de couvrir des sujets majeurs comme en 1983 l'évolution politique en Pologne au moment de la visite du pape Jean-Paul II, Bruno Barbey poursuit son travail d'investigation sur des régions du monde. À une époque où le noir et blanc reste la marque de la pertinence en photographie, il s'impose rapidement comme un auteur inspiré par la couleur, celle-là même qui habite son Maroc, publié en 2003 avec un texte de J.-M. G. Le Clézio. À partir de 2005, son[...]

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  • MAI-68 (photographies et affiches)

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