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GANZ BRUNO (1941-2019)

<em>Les Ailes du désir,</em> W. Wenders - crédits : Mondadori/ Getty Images

Les Ailes du désir, W. Wenders

Bruno Ganz aura profondément marqué le théâtre et le cinéma allemands depuis les années 1970. À partir de 1996, il fut le détenteur de l’anneau d’Iffland, la plus haute distinction décernée à un acteur de théâtre de langue allemande. On connaît en outre la part qu’il a prise dans l’œuvre de cinéastes aussi significatifs que Wim Wenders, Alain Tanner, Werner Herzog ou Volker Schlöndorff.

Né le 22 mars 1941 à Zurich, dans une famille modeste, d’un père suisse allemand et d’une mère d’origine italienne, Bruno Ganz décide très jeune d’abandonner ses études secondaires pour se consacrer au théâtre. Après une brève formation au Bühnenstudio de Zurich, il trouve ses premiers engagements en Allemagne en 1962 à Göttingen. C’est ensuite à Brême qu’il accède à de grands rôles sous la direction de Peter Zadek, devenant de 1964 à 1969 un des piliers du « style de Brême » mis en place par Kurt Hübner, le directeur du grand théâtre du Land, par Zadek et le scénographe Wilfried Minks. Des créations admirées par la critique, mais parfois contestées par les pouvoirs. Comme d’autres jeunes acteurs, il est sollicité par les tenants du jeune cinéma allemand, et brille dans un film tourné par Haro Senft, un des initiateurs du manifeste d’Oberhausen, Der sanfteLauf (« Le Cours des choses », 1967).

Après avoir rencontré Peter Stein à Brême, Bruno Ganz le suit en tournée jusqu’à Berlin, où il va devenir une des figures emblématiques de la fameuse troupe qui s’installe en 1970 à la Schaubühne am Halleschen Ufer (« la scène de la rive de Halle »), à Berlin-Ouest, et bouleverse les codes du théâtre. Parmi ses compagnons : Edith Clever, Jutta Lampe, Angela Winkler, Otto Sander, Michael König, Tilo Prückner… Pendant plus de six ans, Bruno Ganz travaille avec les metteurs en scène les plus novateurs, Stein en premier lieu, Klaus Michael Grüber, Wilfried Minks, Luc Bondy, Claus Peymann, Frank-Patrick Steckel. Il s’agit souvent d’adaptations de classiques revues par des modernes comme Stein, Botho Strauss ou Peter Handke. Les prestations de Bruno Ganz à la Schaubühne restent dans les annales du théâtre allemand, notamment dans Torquato Tasso de Goethe et Peer Gynt d’Ibsen (mise en scène de Peter Stein, 1970 et 1971), Les Bacchantes d’Euripide et Empédocle d’Hölderlin (mise en scène de Klaus Michael Grüber, 1974 et 1975), ainsi que dans des œuvres politiquement engagées. Stein se voit offrir en 1975 la possibilité de tourner pour le cinéma un de ses grands succès sur scène, l’adaptation par Botho Strauss de la pièce de Gorki Les Estivants (Sommergäste, 1974), avec Ganz et les grandes figures de la Schaubühne. On les retrouve dans La Marquise d’O, adaptation de Peter Iden et Éric Rohmer, réalisée par ce dernier. Au côté d’Edith Clever, Bruno Ganz est une des révélations du film sorti en Allemagne en mai 1976 et en France en septembre de la même année, après avoir récolté des éloges au festival de Cannes et le grand prix spécial du jury.

Suivent alors de superbes interprétations pour le grand écran : L’Ami américain (Der Amerikanische Freund, 1977) de Wim Wenders ; Le Couteau dans la tête (Messer imKopf, 1978) de Reinhard Hauff ; L’Échiquier de la passion (Schwarz undWeiss wie Tage undNächte, 1978) de Wolfgang Petersen… Sa carrière s’affirme en Europe avec Nosferatu de Werner Herzog (1978), Le Faussaire (Die Fälschung) de Volker Schlöndorff (1981), La Provinciale de Claude Goretta (1981), Dans la ville blanche d’Alain Tanner (1983). Polyglotte, il tourne dans plusieurs pays, dont l’Italie sous la direction de Mauro Bolognini, Giuseppe Bertolucci, Silvio Soldini… Il retrouve Wenders et Berlin dans Les Ailes du désir (Der HimmelüberBerlin, 1987), puis, après la chute du Mur, dans Si loin, si proche! (In weiterFerne, sonah !, 1993) – film dans lequel son ami Otto[...]

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<em>Les Ailes du désir,</em>&nbsp;W. Wenders - crédits : Mondadori/ Getty Images

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