KREISKY BRUNO (1911-1990)
Né à Vienne dans une famille israélite aisée et libérale, Bruno Kreisky étudie le droit à l'université de Vienne. Membre actif du Parti social-démocrate autrichien et responsable des Jeunesses socialistes de Vienne, il est arrêté en 1935. Au lendemain de l'Anschluss, candidat au doctorat en droit, il refuse de répondre au jury « grand allemand » qui lui demande de justifier l'annexion. Arrêté, il échappe de peu au transfert à Dachau et émigre en 1938 au Danemark avant de passer en Suède, où, de 1939 à 1946, il est membre du bureau scientifique d'une société coopérative. Il travaille en relation avec l'Internationale socialiste et les milieux d'émigrés. En 1946, le chancelier Schärf, en visite officielle dans la capitale suédoise, décide de s'attacher Kreisky et le fait entrer dans les services des Affaires étrangères de son pays. En poste de 1946 à 1951 comme secrétaire à la légation autrichienne à Stockholm, il est rappelé à Vienne lorsque Körner est élu à la présidence. Il travaille parmi l'entourage du président, puis, en 1953, est nommé secrétaire d'État de la chancellerie fédérale et chargé des Affaires étrangères. À ce poste, il mène les négociations qui font obtenir à l'Autriche un statut de neutralité et font accéder le pays au « traité d'État ». Ce succès lui vaut d'être proposé pour assurer le secrétariat général des Nations unies. Cependant, Kreisky se présente devant le peuple autrichien, qui l'élit au Parlement en 1956. En 1959, alors que Bruno Pittermann est à la fois vice-chancelier d'Autriche et Premier ministre, Kreisky prend le portefeuille de ministre des Affaires étrangères. Malgré les rapports difficiles qu'il entretient avec Pittermann, alors président de l'Internationale socialiste, Kreisky, qui a été porté dès 1967 à la présidence du Parti socialiste autrichien, assume avec autorité ses responsabilités de ministre et de chef de parti. En 1966, les élections amenant un reflux des voix socialistes, Kreisky entre avec son parti dans l'opposition et laisse la place à Josef Klaus et au Parti populaire. Aux élections de mars 1970, les socialistes reviennent au pouvoir et frôlent même la majorité absolue à la Chambre. Devenu chancelier en mai 1970, Kreisky forme un cabinet socialiste et affirme sa volonté de réformisme. Exposant, en 1974, ses conceptions du rôle de la social-démocratie, le chancelier veut conserver au Parti socialiste son caractère ouvrier et lui voir jouer le rôle de « catalyseur de la politique de démocratisation permanente de la société ». L'entrée éventuelle de l'Autriche, État neutre, dans le Marché commun, le transit des émigrants soviétiques d'origine juive sont autant de problèmes auxquels est confronté le chancelier qui tente de conserver un état d'équilibre politique fort difficile.
Kreisky incarne la réussite du socialisme autrichien, à base de consensus social et de santé économique. Pourtant l'usure du pouvoir atteint les socialistes qui, aux élections de 1983, manquent la majorité absolue des suffrages, pour la première fois en dix ans. Bruno Kreisky y voit un échec et se replie sur la présidence du Parti socialiste, laissant à Fred Sinowatz la direction du gouvernement de coalition socialiste-libéral. Lorsque, après les élections de 1986, le Parti socialiste abandonne le ministère des Affaires étrangères, Kreisky démissionne de la présidence d'honneur du parti auquel il avait consacré sa vie.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Média
Autres références
-
AUTRICHE
- Écrit par Roger BAUER , Jean BÉRENGER , Annie DELOBEZ , Encyclopædia Universalis , Christophe GAUCHON , Félix KREISSLER et Paul PASTEUR
- 34 125 mots
- 21 médias
...instaure un « gouvernement monocolore », sous la direction du chancelier Josef Klaus. Exclu du pouvoir, le Parti social-démocrate porte, en février 1967, Bruno Kreisky à sa présidence. Ce dernier s'attache alors à donner une nouvelle image du Parti social-démocrate et veut élargir son audience. En 1970,...