PODALYDÈS BRUNO (1961- )
Né le 11 mars 1961 à Boulogne-Billancourt, Bruno Podalydès expérimente dès sa prime enfance avec son frère Denis tous les arts du spectacle à la grande joie de leurs petits camarades. Bien qu'ils conçoivent tout à deux, c'est généralement Denis qui joue (il deviendra comédien puis sociétaire de la Comédie-Française, où il montera en 2006 un Cyrano de Bergerac d’anthologie) et Bruno qui met en scène. Cette collaboration se retrouve dans les films réalisés par Bruno Podalydès.
Un premier moyen-métrage du cinéaste, Versailles-Rivegauche (1992) décrit un rendez-vous lamentablement raté à cause d'une histoire triviale de papier toilette. La comédie intimiste est vite balayée par le souffle délirant des Marx Brothers dans un espace dont le locataire n'est plus le maître, tandis qu'une foule d'intervenants s'acharne à piétiner son scénario de séduction. La mise en scène de ce fiasco est un régal d'équilibre, un condensé de situations comiques ébauchées avec légèreté. Dieu seul me voit[Versailles-Chantiers] (1998) propose le portrait en action d'Albert Jeanjean (Denis Podalydès), un indécis pris entre l’inspectrice de police, l'infirmière toulousaine au cœur léger et la cinéaste snob qui a interviewé Fidel Castro. Preneur de son dans des mini-reportages sur des politiciens de sous-préfecture, Albert pratique quotidiennement la politique de l'autruche, d'où la métaphore finement filée pendant tout le film à partir de cet animal. En 2009, Bancs publics (Versailles-Rivedroite) vient clore cette trilogie.
Avec audace, Bruno Podalydès tente dans Liberté-Oléron (2001) le « retour » à une comédie au goût suranné de cinéma du samedi soir des années 1950. Le succès n'était pas évident. Il vient du fait que le père de famille (Denis Podalydès) n'est pas le responsable exclusif du rire. Certes, il se trouve en première ligne. Mais la mère, chacun des quatre fils et jusqu'au voisin, au « paysagiste » ou au marchand de bateaux ont tous une véritable existence génératrice de gags. Entre la nostalgie des souvenirs d'enfance et l'esprit qui animait Les Vacances de M. Hulot, Liberté-Oléron peut alors s'emballer, dans un épique retour de l'île d'Aix dont le récit officiel expurgera soigneusement tout le scabreux et l'inavouable. En 2012 Podalydès signe Adieu Berthe. L’enterrement de Mémé : le héros fuyant, pris entre sa douce épouse et sa volcanique maîtresse, prépare les obsèques de sa grand-mère en même temps que l’anniversaire de la fille de son amante dans le parc de la maison de retraite où ses sortilèges de magicien amateur le feront disparaître pour de bon !
Déjà porté à l’écran en 1930 par Marcel L’Herbier, Le Mystère de la chambre jaune (2003) est une très sérieuse enquête chez Gaston Leroux. Bruno Podalydès la transforme en comédie policière où le jeune Rouletabille (Denis Podalydès) aux allures de Tintin ajoute quelques touches inspirées de la bande dessinée et encore accentuées par la fausse reconstitution des années 1920. Dans Le Parfum de la dame en noir (2005), Rouletabille reprend du service contre le sinistre magicien que l'on avait cru mort en scène mais qui veut reprendre son épouse, la dame en noir (Sabine Azéma). On est dans l'île de Porquerolles et non plus dans la chambre jaune, mais les manigances du mal se déroulent toujours avec une mollesse Belle Époque, quelque peu vivifiée néanmoins par les couleurs estivales de la Méditerranée. Périodiquement, de grandes tablées chorales, gourmandes et alcoolisées rassemblent tous les protagonistes : victimes, suspects, complices... Le charme réside dans ce comique « soft » et l'on se divertit de cette exhumation postmoderniste, de cet art de jouer avec les belles images jaunies. Autre mise à jour du patrimoine, Bécassine[...]
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Écrit par
- René PRÉDAL : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen
Classification
Média
Autres références
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WAHOU ! (B. Podalydès)
- Écrit par René PRÉDAL
- 925 mots
- 1 média
Le cinéma français comporte une solide tradition de films franchement comiques (comme ceux de Louis de Funès) plutôt que de comédies, à la différence de l’Italie ou des États-Unis, par exemple. Toutefois, Bruno Podalydès s’est fait, depuis les années 1990, l’artisan malicieux mais toujours...
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PODALYDÈS DENIS (1963- )
- Écrit par René PRÉDAL
- 1 455 mots
- 4 médias
Né le 22 avril 1963 à Versailles, Denis Podalydès forme dans son enfance, avec son frère Bruno, un duo qui enchante famille et camarades par les sketches que tous deux écrivent et jouent sans faire de différence entre interprétation et mise en scène. Tandis que Bruno entame des études universitaires...