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RÉQUILLART BRUNO (1947- )

L’œuvre photographié de Bruno Réquillart commence en 1967 et connaît une interruption significative pendant les années 1981-2000, exclusivement occupées par la peinture. Il reprend ensuite, avec d’autres choix formels. Cette production d’images évoquée dans son ensemble lors de la rétrospective présentée au château de Tours (2013) par « Jeu de paume hors les murs » confirme la place singulière occupée par l’artiste dans la photographie contemporaine.

De la chose vue à la modification

Bruno Réquillart naît le 30 décembre 1947 à Marcq-en-Barœul et grandit à Carency dans le Pas-de-Calais. À l’école supérieure des Arts Saint-Luc de Tournai, il suit le cycle arts graphiques et communication. C’est au cours de ses études qu’il aborde la photographie comme moyen d’investigation et qu’il réalise en 1967 son premier sujet, autour du carnaval de Binche, en Belgique. L’été suivant, il s’introduit au festival d’Avignon animé par les controverses de Mai-68, et s’intéresse aux spectacles qu’y donnent Maurice Béjart et le Ballet du xxe siècle, le Living Theatre de Julian Beck et de Judith Malina. Ainsi, commence une carrière de photographe de presse dont les images sont signées Bruno. Cette activité, qui inspire un sujet remarqué sur le festival de musique de l’île de Wight au Royaume-Uni (1970), ne dure guère plus de cinq ans. Elle est abandonnée vers 1974 au profit de la recherche personnelle, esthétique et formelle, commencée dans les reportages par une vision décalée du détail.

<it>Île d'Unije</it>, B. Réquillart - crédits : B. Réquillart/ Ministère de la Culture - Médiathèque de l'architecture et du patrimoine/ RMN-Grand Palais

Île d'Unije, B. Réquillart

Bruno Réquillart s’oriente vers une photographie rompant avec l’instantané de la chose vue, alors qu’elle fait son entrée sur le marché de l’art sous la signature des Allemands Bernd et Hilla Becher ou de jeunes Français, tels que Christian Boltanski, Jean-Marc Bustamante ou Denis Roche. À son tour, Réquillart s’ouvre au principe de la série avec ses Constats, images centrées sur des sujets banals ou triviaux (éléments urbains, grilles d’arbres, bordures de trottoirs, etc.) photographiés en répétition et reproduits en séquences. Bientôt leur succèdent des photographies isolées prises au cours de voyages effectués dans les années 1973-1975. Ces vues impressionnistes ou mystérieuses, aux cadrages souvent excentrés sinon elliptiques, viennent embellir un fort contraste et la granulation du film. C’est au cours de cette période particulièrement féconde que Réquillart réalise en 1974 une de ses photographies les plus célèbres : un plongeon saisi sur l’île d’Unije, en Yougoslavie (en Croatie aujourd’hui).

Cette réflexion esthétique sur la rencontre des lieux et des choses devait, en 1975, amener Jean-Claude Lemagny à rapprocher Bruno Réquillart de Bernard Plossu, Bernard Descamps et Eddie Kuligowski dans une même exposition à la Bibliothèque nationale à Paris. L’année suivante, au Centre Georges-Pompidou-Musée national d’art moderne, Pierre de Fenoyl lui donne une place dans l’exposition Trois Jeunes photographes : Bruno, Kalvar, Plossu. L’exposition circulera jusqu’en 1980 à Saragosse et à Santander en Espagne, à Varsovie en Pologne et à Prague en Tchécoslovaquie. La série sur le parc de Versailles, qui occupe Bruno Réquillart en 1977, conjugue le parti pris esthétique de tonalités fondues dans le grain d’une douce grisaille avec des cadrages harmonieux prolongeant la beauté raisonnée des tracés d’André Le Nôtre, que ne trouble aucun promeneur. Ce travail conduit sur la durée marque le vrai début de la reconnaissance internationale du travail que le photographe commence à signer de son patronyme. Cependant, le succès rencontré en 1976 aux Rencontres d’Arles ou à travers les expositions tenues à Paris, Amsterdam et New York, et surtout le refus de s’engager dans des circuits de diffusion trop formatés conduisent Bruno Réquillart à prendre ses distances avec la photographie pour se consacrer exclusivement à la peinture.[...]

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Média

<it>Île d'Unije</it>, B. Réquillart - crédits : B. Réquillart/ Ministère de la Culture - Médiathèque de l'architecture et du patrimoine/ RMN-Grand Palais

Île d'Unije, B. Réquillart