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RIZZI BRUNO (1901-1977)

Né le 20 mars 1901 à Poggio Rusco (Mantoue) et mort le 13 janvier 1977 à Bussolengo (Véronne), le commerçant génois Bruno Rizzi adhère au Parti communiste italien après le congrès de fondation de Livourne (1920) et y milite au sein de la tendance ultragauche, dirigée par Amadeo Bordiga.

Sous le régime fasciste, Rizzi abandonne toute activité politique, mais continue de s'intéresser à l'évolution du marxisme. Il suit également les luttes politiques qui se développent en U.R.S.S. et fait siennes les thèses de l'opposition de gauche trotskiste. Par ailleurs, son activité commerciale l'amène à se rendre à l'étranger, notamment en France où il rencontre des militants du mouvement trotskiste naissant.

Rizzi étudie particulièrement dans ses œuvres la nature des régimes fascistes et du régime soviétique ; il a publié, en 1937, Où va l'U.R.S.S. (Dove va l'U.R.S.S.), qui est saisi par la police fasciste ; mais, c'est surtout son livre La Bureaucratisation du monde, qu'il fait éditer à Paris en 1939, qui attire l'attention. Les thèses qu'il y développe vont être reprises et popularisées par le philosophe et ancien militant trotskiste américain James Burnham (qui sera accusé d'avoir plagié Rizzi dans son célèbre ouvrage L'Ère des organisateurs, Managerial Revolution, 1941) et par le Yougoslave Milovan Djilas. La première édition italienne de La Bureaucratisation du monde ne sera publiée en Italie qu'en 1967 et que partiellement sous le titre Il Collettivismo Burocratico.

Pour Rizzi, les contradictions du système capitaliste conduisent à la disparition de la bourgeoisie, mais pas nécessairement au socialisme : à la propriété et à l'exploitation bourgeoises se substituent la propriété et l'exploItation de la classe bureaucratique. Il en voit la preuve dans le nouvel ordre fondé en Union soviétique sous Staline ; mais, en Italie et en Allemagne également, la forme fasciste du pouvoir correspond au commencement de la prise en main des moyens de production par la bureaucratie. Le New Deal lui-même n'est-il pas l'annonce d'un processus identique aux États-Unis ? Rizzi maintient le socialisme comme nécessité historique et affirme que la société bureaucratique, en surmontant les contradictions du capitalisme, ouvre la voie au développement des forces productives (que la bourgeoisie n'a pas pu assumer) et donc au socialisme : là réside le caractère progressiste du rôle de la bureaucratie.

L'exposé de Rizzi s'accompagne cependant de relents antisémites, mais surtout et très curieusement la conclusion de son livre est en contradiction flagrante avec le développement de sa thèse. Il affirme ainsi que ce collectivisme bureaucratique est transitoire et parasitaire et représente le châtiment historique de l'impuissance du prolétariat à prendre en main son propre destin, comme le remarque Trotski dans Défense du marxisme. En conclusion donc, Rizzi recommande la lutte antifasciste et antibureaucratique.

— Paul CLAUDEL

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