BRUXELLES
Les enjeux urbanistiques
La structure de la Région de Bruxelles-Capitale n’est pas sans rappeler un schéma que l’on retrouve dans de nombreuses villes nord-américaines :
– Au cœur de la ville, un hypercentre commercial et des quartiers de bureaux, couvrant la partie orientale du « pentagone » et s’étendant à l’est (quartier européen) et au nord de celui-ci.
– Une première couronne de faubourgs, bâtis pour l’essentiel avant la Première Guerre mondiale, paupérisés et largement occupés par une population d’origine immigrée, surtout vers le nord, l’ouest et le sud. Ils sont plus gentrifiés vers l’est, direction historique de l’expansion aisée bruxelloise, où les cadres étrangers, les jeunes adultes et les étudiants sont nombreux. Toutefois, avec la croissance démographique et la hausse des prix de l’immobilier, la gentrification tend maintenant à concerner aussi les faubourgs plus pauvres de l’axe du canal. À la limite de la partie haute du « pentagone » et de l’axe de l’avenue Louise se situe un second hypercentre commercial, qui accueille une clientèle plus bourgeoise que celui du bas de la ville.
– Une seconde couronne de faubourgs, construits entre les deux guerres et immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, englobant d’anciens noyaux villageois. Ici aussi, les quartiers orientaux sont globalement plus aisés que ceux de l’ouest. La population de cette deuxième couronne a aujourd’hui vieilli.
– Hors des limites régionales, la large zone périurbaine, avec une population plus jeune, où les couples avec enfants sont plus nombreux.
Bruxelles-Capitale s’est dotée depuis 1995 d’un Plan régional de développement (PRD), remplacé en 2018 par le Plan régional de développement durable (PRDD). La préoccupation majeure implicite est de maintenir dans la Région une population de classe moyenne ou aisée. Cela impose de veiller à la qualité de l’environnement urbain et d'y assurer une disponibilité suffisante en logements à des prix abordables, objectif manifestement non atteint. Le PRD proposait, pour les mêmes raisons, de contenir l'extension des zones de bureaux, mais la saturation en espaces de bureaux et à l’inverse la forte croissance démographique, qui attire maintenant les promoteurs immobiliers vers le logement pour les personnes aisées, rend cette préoccupation moins aiguë. Dans une Région présentée par certains comme un exemple de société multiculturelle, mais où les immigrés à bas revenus sont très nombreux, il importe de tenter de réduire la fracture sociale : si les objectifs de la Région insistent sur le redéploiement du logement et de l’entreprise dans les quartiers occidentaux de première couronne les plus démunis et visent à y multiplier les opérations intégrées de rénovation, il n’empêche que l’accent mis par le PRD sur des pôles de développement prioritaires et le réaménagement de la zone du canal y conduisent de fait à une « gentrification » progressive, excluante pour les plus défavorisés, dans une Région où l’habitat social ne représente que 8 % des logements.
La population régionale connaît une croissance sensible depuis le milieu des années 1990, après une trentaine d'années de diminution. Mais cette augmentation ne traduit pas vraiment la réalisation des objectifs du PRD, puisque la périurbanisation se poursuit et touche même davantage de populations à plus bas revenus. Elle reflète plutôt des bilans migratoires positifs avec l'étranger, dans lesquels l'immigration depuis l'Europe centre-orientale et orientale représente maintenant une part importante, alors que la dynamique des populations d'origine marocaine ou turque relève plutôt aujourd'hui de leur bilan naturel.
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Écrit par
- Xavier MABILLE : président-directeur général du Centre de recherche et d'information sociopolitiques, Bruxelles
- Christian VANDERMOTTEN : docteur en sciences géographiques, professeur émérite à l'Université libre de Bruxelles, membre de la classe des lettres de l'Académie royale de Belgique, président de la Société royale belge de géographie
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