ABBOTT BUD (1895-1974)
Acteur américain, né à Ashbury Park près d'Atlantic City, Bud Abbott a eu une carrière mouvementée qui l'a mené du cirque au music-hall et du music-hall à l'écran, où il fit longtemps tandem avec Lou Costello (1906-1959). Leurs noms sont inséparables d'un certain type de comédie populaire.
Enfant de la balle, Bud Abbott est né au sein même du cirque Barnum, où son père tenait l'emploi de Monsieur Loyal et où sa mère était écuyère. Tour à tour marin, caissier de cinéma (1916) puis imprésario, il devient fantaisiste à Broadway, où il rencontre Costello en 1925. Pendant dix ans, ils travaillent obscurément.
Leur passage à la radio en 1938 leur assure d'un coup la célébrité et leur vaut d'être appelés à Hollywood. Dès leur premier film, Une nuit sous les tropiques (1940), ils deviennent les comiques les plus prisés des États-Unis en guerre. Dans une dizaine de films, ils se contentent, tout en jouant de leur différence physique (le maigre Abbott s'opposant au gros Costello), d'interpréter des « frères jumeaux » perdus dans d'ahurissantes aventures, où ils font preuve d'une égale niaiserie (Buck Private, 1940 ; In the Navy, 1942 ; Ride Them Cow-Boy, 1942 ; Hit in the Ice, 1943 ; Lost in a Harem, 1944). Ensuite, ils ont l'idée d'une série où ils affrontent des figures quasi mythiques de l'écran, le comique naissant de leur pleutrerie opposée à des situations traditionnellement angoissantes (Abbott et Costello contre Frankenstein, 1949 ; Contre les tueurs, 1950 ; Contre l'homme invisible, 1951 ; Contre le capitaine Kidd, 1952 ; Contre Dr. Jekyll et Mr. Hyde, 1953 ; Contre la momie, 1955). C'est cette série qui sera plus tard distribuée en France sous le titre général des Deux Nigauds. Leur célébrité est telle qu'ils sont en tête du box-office à quatre reprises (1942, 1948, 1950, 1951).
Il faut faire une place à part aux films où ils cherchent soit à s'évader de leurs personnages en jouant de la fantaisie et de l'onirisme (Abbott and Costello Go to Mars, 1953), soit à nuancer leurs rôles par des caractéristiques sociales plus contrastées (Trente-Six Heures à vivre, 1948). Alors que dans leurs premiers films ils étaient tous deux, tour à tour, soldats, cow-boys, explorateurs, ils tentent de diversifier les emplois incarnant, par exemple, l'un (Abbott) le grand homme d'affaires et l'autre (Costello) un vendeur inexpérimenté (Le Petit Géant, 1946).
Mais le goût du public change : tout d'un coup, Abbott et Costello se voient reprocher leur manque de finesse et leur abus des grimaces, qui, en fait, relèvent d'une tradition bien connue du cirque : Costello jouant un rôle comparable à celui de l'Auguste qui exploite cyniquement la candeur de son partenaire mais finit par recevoir des gifles et subir la vengeance de celui-ci. Dans le dialogue, Abbott sert de faire-valoir aux mimiques très élaborées de Costello. Cette association est donc relativement originale par rapport à celle de Laurel et Hardy, sans réussir jamais à atteindre la même férocité contenue ni le même déchaînement dans l'absurde.
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Écrit par
- Gérard LEGRAND : écrivain, philosophe, critique d'art et de cinéma
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