BUENOS AIRES
Capitale politique, économique et culturelle de l'Argentine, Buenos Aires est un cas exemplaire de macrocéphalie urbaine. La « tête de Goliath » rassemble plus de 13 millions d'habitants (estimation 2005), loin devant les villes de Córdoba (1,3 million d'habitants) et de Rosario (1,2 million d'habitants). La très forte concentration des richesses (plus de 50 p. 100 du P.I.B. national) et des hommes dans l'espace métropolitain est une donnée majeure de la construction du territoire argentin. Toutefois, même si Buenos Aires garde une position dominante dans l'espace national, son avenir s'inscrit chaque jour plus dans les flux mondialisés et l'intégration régionale du Mercosur. Troisième ville d'Amérique latine après São Paulo et Mexico, elle figure parmi les très grandes métropoles mondiales.
Ville cosmopolite
Longtemps, Buenos Aires est apparue comme une ville singulière en Amérique latine. À la fois proche et distante de l'Europe, c'est à sa situation sur la rive ouest de l'estuaire du río de la Plata, au cœur d'une des plus riches plaines agricoles du monde, qu'elle doit son destin particulier. Comparée à Mexico ou à Lima, la ville demeure, durant toute la période coloniale, de taille modeste (44 000 habitants en 1810, à la veille de l'indépendance). Petit port de contrebande au site médiocre, élevé au rang de capitale de la vice-royauté du Río de la Plata en 1776, Buenos Aires ne prend véritablement son essor qu'avec la mise en place du modèle agro-exportateur (1880-1930). En effet, la fulgurante révolution agricole dans les Pampas insère l'Argentine dans les échanges commerciaux atlantiques. Proclamée capitale fédérale en 1880, la ville s'érige en lieu d'accumulation de la richesse pampéenne.C'est alors que le port est réaménagé dans le prolongement de la place de Mai, à Puerto Madero (1897), pour devenir le débouché des blés et des viandes exportés vers l'Europe, et la porte d'entrée des vagues d'immigrants venus « faire l'Amérique ». À l'instar de New York, Buenos Aires devient une grande ville cosmopolite, une sorte de Babel du Nouveau Monde. Comme elle retient plus du tiers des 6 millions d'étrangers – Italiens, Galiciens, rusos (juifs) et turcos – qui débarquent dans le pays entre 1870 et 1930, la capitale devient le creuset d'une culture propre : une langue née du mélange de l'italien dialectal et de l'espagnol, le cocoliche ; un argot parlé dans les nouveaux faubourgs, le lunfardo ; une musique typique, le tango. En 1914, avec 1,5 million d'habitants, dont la moitié sont nés à l'étranger, c'est la ville la plus peuplée de l'Amérique latine, jusqu'à ce que Mexico, en 1960, puis São Paulo, en 1970, la dépassent.
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Écrit par
- Marie-France PRÉVÔT-SCHAPIRA : géographe, professeure émérite à l'université de Paris-VIII, Creda-UMR 7227
Classification
Médias
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