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OGIER BULLE (1939- )

Née le 9 août 1939 à Boulogne-sur-Seine, Marie-France Thielland est élevée par sa mère, artiste peintre, à laquelle elle empruntera par la suite son nom de jeune fille. Alors qu'elle travaille pour subvenir à ses besoins et ceux de sa fille, Pascale, du père de laquelle elle a divorcé, elle fait, au début des années 1960, la connaissance de Marc'O, auteur et metteur en scène d'avant-garde, qui lui propose de suivre ses cours d'art dramatique. Elle se produit ensuite dans les spectacles de sa troupe, qui compte Pierre Clementi, Jean-Pierre Kalfon, Michèle Moretti et Élizabeth Wiener. Au début des années 1960, le succès d'une pièce musicale satirique de Marc'O, Les Idoles, attire l'attention sur elle et ses camarades.

Bulle Ogier fait ses débuts au cinéma dans Voilà l'ordre, court-métrage de Jacques Baratier (1966). Après des apparitions dans quelques films, dont Piège de Jacques Baratier (1968), et un feuilleton télévisé, elle reprend son rôle de Gigi la folle dans la version cinématographique des Idoles que réalise, en 1968, Marc'O. Peu après, André Téchiné lui confie le rôle principal de Paulina s'en va (1969), puis Jacques Rivette celui de L'Amour fou (1969). Dès lors, tout en menant une importante activité théâtrale, notamment avec Claude Régy et Marguerite Duras, elle ne cesse de tourner. À de rares exceptions près, elle ne se produit que dans des films d'auteur, ou des premiers films, dont très peu sont susceptibles d'attirer un public nombreux. Elle est l'interprète de René Allio dans Pierre et Paul (1969), de Moshe Mizrahi dans Les Stances à Sophie (1971), d'André Delvaux dans Rendez-vous à Bray (1971), d'Alain Tanner dans La Salamandre (1971), de Luis Buñuel dans Le Charme discret de la bourgeoisie (1972), de Jean Marbœuf dans Bel ordure (1973), de Jean-François Adam dans « M » comme Matthieu (1973), de François Leterrier dans Projection privée (1973), de Daniel Schmid dans La Paloma (1974), de Yannick Bellon dans Jamais plus toujours (1976), de Werner Schroeter dans Goldflocken (Flocons d'or ; 1976) et Deux (2002), de Rainer Werner Fassbinder dans Die dritteGeneration (La Troisième Génération ; 1979), de Manoel de Oliveira dans Mon cas (1986) et Belle toujours (2006), de Robert Frank dans Candy Mountain (1988), de Xavier Beauvois dans Nord (1991) et N'oublie pas que tu vas mourir (1995), de Jacques Audiard dans Regarde les hommes tomber (1994), de Claude Chabrol dans Au cœur du mensonge (1999), de Tonie Marshall dans Vénus Beauté (institut) (1999) et Passe-passe (2008).

Parallèlement, Bulle Ogier mène des collaborations régulières avec quelques créateurs et cinéastes : Marguerite Duras dont elle est l'interprète dans Des journées entières dans les arbres (1976), Le Navire Night (1979) et Agatha et les lectures illimitées (1981) ; Eduardo de Gregorio sous la direction duquel elle joue dans Sérail (1976), La Mémoire courte (1979) et Aspern (1985) ; Barbet Schroeder, son compagnon à la ville, qui la dirige dans La Vallée (1972), Maîtresse (1976) et Tricheurs (1984) ; Jacques Rivette, surtout, avec lequel elle a tourné Out One (1971), Céline et Julie vont en bateau (1974), dont elle est aussi co-scénariste, Duelle (1976), Le Pont du Nord (1981), qu'elle écrit et interprète avec sa fille Pascale qui, née en 1958, décède en 1984, La Bande des quatre (1988) et Ne touchez pas la hache (2007).

Au théâtre, après s’être produite entre 1977 et 1986 dans plusieurs pièces de Marguerite Duras et de Botho Strauss mises en scène par Claude Régy, elle joue notamment sous la direction de Luc Bondy (Le Chemin solitaire, d’Arthur Schnitzler, 1989 ; Les Fausses Confidences, de Marivaux, 2014) et de Patrice Chéreau (Le Temps et la chambre, de Botho Strauss, 1991 ; Rêve d’automne, de Jon Fosse, 2010).

— Alain GAREL

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

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