BURGONDES
Chefs-d'œuvre de l'art burgonde : garnitures de ceinture de bronze et de fer damasquiné
Une coïncidence significative entre la distribution géographique de certains accessoires vestimentaires et objets de parure, découverts dans les sépultures postérieures à la chute du royaume burgonde, et les limites territoriales de ce royaume, à l'époque de sa plus grande expansion, témoigne de l'existence d'un art post-burgonde. Cet art, que l'on peut en fait qualifier de burgonde dans un sens régional, s'est principalement exprimé sur des garnitures de ceinture de bronze moulé et de fer damasquiné, trouvées en grand nombre dans les cimetières de Bourgogne, de Savoie et de Suisse romande, dont les dates s'échelonnent du milieu du vie siècle au début du viiie. D'autres supports mobiliers ont sans doute existé, mais ils sont mal connus dans la mesure où les dépôts funéraires sont demeurés parcimonieux en pays burgonde, se limitant le plus souvent à des garnitures de ceinture et à quelques objets de parure.
Les plaques-boucles du monde burgonde ont fait l'objet de diverses classifications, sans cesse reprises. Le cadre de classement le plus couramment utilisé, même s'il implique des aménagements de détail (Moosbrugger-Leu, 1967), distingue quatre groupes principaux de garnitures de ceinture : A (plaques de fer damasquiné de grande taille à contour trapézoïdal), B (plaques rectangulaires de fer damasquiné), C (divers types de garnitures de ceinture de fer damasquiné à plaques triangulaires, trapézoïdales ou rectangulaires, petites et moyennes), enfin D (plaques rectangulaires de bronze). À l'intérieur de chaque groupe, les garnitures de ceinture offrent naturellement une évolution chronologico-stylistique. De façon trop systématique, on a pensé que les plaques A et B étaient caractéristiques du peuplement burgonde, tandis que les plaques C correspondaient au peuplement alémanique (dans les régions de contact entre Burgondes et Alamans, comme la Suisse occidentale) et les plaques D à la population indigène gallo-romaine ou helvéto-romaine. Ces interprétations ethniques sont en fait conjecturales et ne peuvent actuellement servir à étayer solidement une estimation des divers peuplements dans les limites du royaume burgonde (auxquels il conviendrait d'ajouter un peuplement franc après 533-534).
Les garnitures de ceinture de bronze moulé du groupe D apparaissent dans le cours du vie siècle et perdurent jusque dans les premières décennies du viie siècle. Elles dérivent de modèles de l'Antiquité tardive, tant par leur forme que par certaines particularités stylistiques (motifs végétaux, entrelacs, canthares, animaux monstrueux) et ont sans doute été fabriquées par des bronziers de souche romaine qui, par-delà le royaume burgonde, avaient conservé toute la maîtrise de leur art. Ajourées ou non, les plaques rectangulaires offrent une grande homogénéité stylistique allant de pair avec un répertoire thématique limité. De nombreuses plaques portent des représentations monstrueuses (griffons, hippogriffes), qui témoignent de façon éloquente de la survivance à l'époque mérovingienne des thèmes animaliers orientaux qui avaient été diffusés dans tout l'Empire romain. Ces monstres « païens » sont en fait bien souvent christianisés et leur bec boit à la « coupe de Vie », canthare plus ou moins stylisé. D'autres plaques-boucles comportent des scènes religieuses qui sont du plus grand intérêt, car, en l'absence quasi totale d'autres témoins iconographiques, elles nous renseignent sur les représentations chrétiennes qui accompagnèrent la christianisation relativement précoce du pays burgonde. Traités de façon naïve et populaire, avec une stylisation parfois surprenante, les thèmes les plus prisés ont été empruntés à l'Ancien Testament (miracles de Jonas et de Daniel, le prophète Habacuc)[...]
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Écrit par
- Patrick PÉRIN : directeur du musée des Antiquités nationales, Saint-Germain-en-Laye
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