Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GLINN BURT (1925-2008)

Le photographe américain, connu pour sa manière singulière d'illustrer la période de la guerre froide, est né le 23 juillet 1925 à Pittsburgh, en Pennsylvanie. Son cycle secondaire achevé, Burton Samuel Glinn s'oriente vers des études en histoire et en littérature suivies à l'université Harvard, interrompues par trois années de service militaire de 1943 à 1946 et couronnées d'un diplôme en 1949. Sa collaboration comme rédacteur et photographe au Harvard Crimson, le journal de l'université, est à l'origine de sa vocation de journaliste. Le jeune lauréat trouve son premier emploi au magazine Life comme assistant de photographes aussi célèbres qu'Alfred Eisenstadt et Gjon Mili. Après neuf mois et à la faveur de sa rencontre avec Robert Capa, co-fondateur en 1947 de Magnum Photos, Burt Glinn devient membre associé de l'agence en 1951. Il en sera trois ans plus tard un membre à part entière, avant d'être élu président à deux reprises, en 1972 et en 1987.

Après avoir trouvé dans la ville de New York l'inspiration de ses premiers sujets, Burt Glinn réalise plusieurs grands reportages événementiels ou sociaux comme celui qu'il consacre à la guerre du Sinaï en 1956, le seul qui lui fasse affronter un conflit en première ligne, et en 1957 la relation de l'intégration difficile d'élèves noirs au lycée de Little Rock en Arkansas. La révolution cubaine de 1959 lui offre l'opportunité de suivre la marche de Fidel Castro sur La Havane. La même année, la visite de Nikita Khrouchtchev au Mémorial Lincoln, en compagnie de l'ambassadeur américain aux Nations unies Henry Cabot Lodge, lui permet de réaliser sa photographie la plus célèbre, le portrait de dos du dirigeant de l'U.R.S.S. C'est encore en 1959 que Burt Glinn reçoit le Mathew Brady Award du photographe de presse de l'année, décerné par l'université du Missouri.

En 1961, l'édification du Mur de Berlin conduira Burt Glinn à rapporter la tragédie du déchirement que vivent des familles allemandes, à travers des images de fenêtres condamnées par une enceinte de béton hérissée de barbelés. Mais Glinn se fera surtout connaître avec des sujets plus généraux pour la presse magazine et qui laissent un témoignage précieux sur la société des États-Unis et d'autres parties du monde. Sa vision de campagne de l'élection présidentielle de 1956, pour laquelle il recourt à une savante exploitation de l'objectif grand-angulaire, restitue l'atmosphère joyeuse des meetings, dans laquelle viennent se glisser des gros plans de candidats et de partisans. Burt Glinn s'intéresse également au groupe d'écrivains de la beat generation, dont il réalisera d'intéressants portraits en solitaire dans les quartiers d'artistes du sud de Manhattan ou de San Francisco ou en petites assemblées, quand un Jack Kerouac ou un Ted Joans font une lecture en public. D'autres portraits, comme ceux du musicien Sammy Davis Jr. en 1959 et du sénateur Robert Kennedy en 1968, enrichissent l'approche des contemporains américains célèbres.

Les reportages sur les gentlemen de Londres et sur les collèges de Cambridge ou d'Eaton partagent la même force d'évocation de la vieille Angleterre. Dans leur rendu noir et blanc alternent le respect, la sympathie et une certaine distance. Le visage du monde contemporain perçu par Glinn change avec la décennie 1960, avec le passage à la couleur sur laquelle mise la presse magazine pour concurrencer une télévision qui est encore en noir et blanc. Les photographies d'Italie diffèrent en cela de toute une tradition néo-réaliste de la misère. Glinn développe ici un sens esthétique assez éloigné du documentaire et plus encore du reportage, que l'on retrouve dans les images de Tahiti et de Nouvelle-Guinée, réalisées à la même époque, avec l'évident plaisir de célébrer la[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification