LANCASTER BURT (1913-1994)
D'origine irlandaise, Burt Lancaster naît en 1913 à New York. Très vite, il abandonne l'école et connaît l'ambiance des cirques, des fêtes foraines et des music-halls : à l'aube de la Seconde Guerre mondiale, acrobate professionnel, il promène un numéro de barriste et de perchiste sous les chapiteaux des fameux Ringling Bros et Barnum and Bailey Circus.
Après la guerre, il débute au théâtre. Très vite remarqué, il tourne en 1946 son premier film, Les Tueurs, sous la direction de Robert Siodmak. À partir de là, analyser l'originalité de son parcours cinématographique, c'est opérer une coupe franche dans les studios californiens qui l'ont engagé (Paramount, Universal, M.G.M., Fox, Warner, Columbia), puis suivre l'évolution d'une « dynamique » personnelle qui passe par les films noirs et d'aventures, les westerns, les comédies dramatiques, les films de guerre, les adaptations théâtrales. Burt Lancaster a peu à peu élargi sa gestuelle (Le Roi des îles de Byron Askin, 1953). Il a su mettre sa puissance physique, son sourire éclatant et son humour plébéien au service de compositions fouillées, extrêmement variées, exprimant tous les visages de la comédie humaine. Vedette dès sa première apparition à l'écran , « oscarisé » pour Elmer Gantry, le charlatan (de Richard Brooks, 1960), couronné au festival de Cannes (Le Guépard de Luchino Visconti, 1963) puis à celui de Venise (Le Prisonnier d'Alcatraz de John Frankenheimer, 1962 ; Atlantic City de Louis Malle, 1981), il est ainsi devenu, au fil des ans, un incontournable de l'histoire du cinéma. On n'est pas près d'oublier la stature du prince Salina... Et pas davantage, au hasard des rôles, le mercenaire flamboyant de Vera Cruz (de Robert Aldrich, 1954), le shérif de Règlements de comptes à O.K. Corral (de John Sturges, 1957), le prédicateur d'Elmer Gantry, le soldat de fortune des Professionnels (de Richard Brooks, 1966) ou le pirate athlétique du Corsaire rouge (de R. Siodmak, 1952).
Soulignons quelques traits essentiels de Burt Lancaster : le décalage entre la puissance de l'acteur et la fragilité émotionnelle de certains de ses personnages (L'Homme aux abois de B. Haskin, 1947 ; Les Amants traqués de Norman Foster, 1948), une faculté, quasi unique, de « s'extraire » à volonté de la scène (Les parachutistes arrivent de J. Frankenheimer, 1969) ou bien de la phagocyter de l'intérieur (Le Grand Chantage d'Alexander Mackendrick, 1957). On retiendra également le phrasé, le martèlement tranchant de la voix (Sept Jours en mai de J. Frakenheimer, 1964) comme l'intensité de séquences muettes d'anthologie (la traversée de Saint-Louis dans Bronco Apache de R. Aldrich, 1954). On se souviendra du charisme (Trapèze de Carol Reed, 1956), de la joie et de la liberté de mouvements (La Flèche et le flambeau de Jacques Tourneur, 1950 ; Le Chevalier du stade de Michael Curtiz, 1951). On chérira enfin chez lui une sorte de sensation du « temps qui passe » pleinement exprimée par la hauteur, la lassitude et la mélancolie qui imprègnent deux films phares de Visconti : Le Guépard et Violence et passion (1975).
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Écrit par
- Jean-Claude MISSIAEN : cinéaste
Classification
Média
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