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BUSNOIS ou BUSNES ANTOINE DE (1430?-? 1492)

Compositeur et poète, l'un des noms réputés de l'école franco-flamande de la seconde génération, celle d'Ockeghem. En 1467, Busnois sert Charles (le futur Téméraire), alors comte de Charolais. En 1468, il porte le titre de chantre. En 1476, Marguerite d'York, duchesse de Bourgogne, l'a à son service et, l'année suivante, il passe à celui de sa fille, Marie, qui épouse cette année-là l'archiduc Maximilien. Busnois est devenu chapelain et bénéficie de plusieurs prébendes ecclésiastiques. Il n'est pas sûr qu'il soit ce rector cantoriae de Saint-Sauveur de Bruges qui mourut en 1492. De son vivant, il fut très prisé ; ainsi possède-t-on les témoignages d'Éloy d'Amerval (Livre de la diablerie), de Jean Molinet, qui le tient pour un sol lucens super omnes (Le Naufrage de la pucelle), de Bartolomé Ramos de Pareja (Tractatus de musica practica, 1482), de Jean Hothby (Dialogus in arte musica). Tinctoris a dédié son Liber de natura et proprietate tonorum à Ockeghem et à Busnois, praestantissimi ac celeberrimi artis musicae professores. Busnois fut, en effet, incontestablement un maître de la chanson polyphonique ; il en composa près de quatre-vingts, d'une écriture élégante et raffinée, brillante et délicate ; il est considéré comme le maître, sinon le créateur (car on en trouve déjà chez Nicolas Grénon, mort en 1449 env.), de la forme dite bergerette à une strophe, dont la structure A.BB.A.A. se différencie de celle du rondeau traditionnel (AB.AA.AB.AB) ; on connaît une quinzaine de bergerettes de Busnois. Le premier, il essaie de confier au contraténor (appelé concordans) un rôle équivalent à celui des deux autres voix (Je ne puis vivre ; Joye me fuit), chacune des trois voix chantant à égalité (ce n'est plus un duo accompagné d'une basse). Enfin, il cultive une liberté rythmique notable. Dans ses œuvres religieuses, qui comprennent une hymne à 2 voix, deux Magnificat, une messe (L'Homme armé) et neuf motets, même s'il fait preuve souvent d'ingéniosité, son inspiration spirituelle n'atteint pas aux profondeurs mystiques d'Ockeghem. Techniquement parlant, deux de ses motets sont de facture libre ; cinq obéissent à un cantus firmus de plain-chant ; les deux autres, les plus originaux (In hydraulis et Anthoniusque limina), sont construits sur des thèmes inventés par Busnois, pratique qui fut habituelle au temps de Josquin.

— Pierre-Paul LACAS

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

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