KEATON BUSTER (1895-1966)
Le génie n'a qu'un temps...
L'activité la plus résolue, la plus précise, trouve ainsi en elle-même sa dérision secrète. C'est dans la vie que Buster Keaton en fait, à partir de 1929, la très cruelle expérience. Un peu malgré lui, il signe un nouveau contrat avec la Metro Goldwyn Mayer, mais il doit renoncer à sa petite équipe et à ses méthodes artisanales.
Chaplin, pourtant, l'a prévenu : « Tout le monde, lui a-t-il dit, voudra te montrer comment faire tes films. Ils te détruiront en voulant t'aider. Ils te fausseront le jugement. Tu t'épuiseras à discuter en sachant que tu as raison. »
Tout se passe exactement selon cette prédiction. Toutefois, Keaton aurait peut-être affronté victorieusement ces nouveaux tracas, si la généralisation du cinéma sonore, puis parlant, ne l'avait autant déconcerté. Plus qu'aucun autre, il aurait eu besoin de s'arrêter pour réfléchir. Pris dans sa propre logique, qui lui tient lieu de psychologie, il choisit au contraire la fuite en avant et réalise le cauchemar de la course immobile. Il tourne sept films en trois ans et s'enferme dans une spirale d'échec qui compromet l'unité du personnage, jusqu'à l'interruption définitive de sa production.
L'un des plus grands artistes de ce siècle vivra encore près de quarante ans, pour ne plus accomplir que des besognes.
Les hommages des cinémathèques puis les rééditions successives de ses films dans les années soixante et soixante-dix nous ont rendu heureusement intacts son génie de cinéaste et son regard de premier homme dans le matin du monde.
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Écrit par
- Claude-Jean PHILIPPE : journaliste
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Médias
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