- 1. L'ère protobyzantine (395-610)
- 2. La crise du VIIe siècle (610-717)
- 3. L'iconoclasme : dynasties isaurienne et amorienne (717-867)
- 4. La dynastie macédonienne et l'apogée de Byzance (867-1081)
- 5. La noblesse militaire au pouvoir : les Comnènes et les Anges (1081-1204)
- 6. L'Empire de Nicée (1204-1261)
- 7. Les Paléologues et la chute de Byzance (1261-1453)
- 8. Bibliographie
BYZANCE L'Empire byzantin
La crise du VIIe siècle (610-717)
L'idée de légitimité dynastique a fait, au viie siècle, de rapides progrès : jusqu'à la longue série de désastres et de coups d'État qui suivit la première chute de Justinien II, le trône fut constamment occupé par des membres de la famille des Héraclides, qui firent ainsi bénéficier l'État d'une incontestable continuité de vues, exception faite pour le domaine religieux – continuité qui tient peut-être en partie aux traits de caractère communs aux Héraclides : un goût très vif de l'action ; des dons de stratège ; une piété sincère, bien que souvent mal éclairée ; un sens de l'autorité dégénérant parfois en despotisme. La régularité de cette succession est d'autant plus remarquable que le viie siècle ne fut pas précisément pour Byzance une époque de tranquillité : il commença dans le chaos et finit de même. Cette période qui vit réduire de moitié l'étendue des territoires où s'était exercée l'autorité de Justinien, couper les grandes voies commerciales vers l'Orient et l'Occident, reculer la culture et l'activité urbaine, amener par deux fois l'ennemi jusque sous les murs de la capitale, présente tous les aspects d'une décadence.
Les raisons d'une survie
L'Empire, en fait, ne présente alors que les aspects extérieurs d'une décadence, car une rénovation si profonde s'opère que beaucoup d'historiens datent du règne d'Héraclius le début de l'Empire byzantin à proprement parler, c'est-à-dire de l'État grec du Moyen Âge. La survie de cet État à travers une si terrible crise étonnait les philosophes français du xviiie siècle, et même un Montesquieu, d'ordinaire plus perspicace et mieux informé, ne voyait dans l'histoire byzantine qu'« un tissu de révoltes, de séditions et de perfidies ». Elle est due, sans doute, aux forces vitales que l'Empire gardait encore en lui, mais aussi à une double chance. La première est d'ordre géographique : l'attaque arabe, dont le point de départ se situe à peu près à la jointure de l'Afrique et de l'Asie, tomba d'abord sur l'Égypte et les provinces d'Orient, qui, précisément, par leur situation excentrique, leur attachement à l'hérésie, le prestige même de leurs vieilles capitales, constituaient un obstacle à l'unité de l'Empire. Ce qui resta de celui-ci après la perte de ces provinces forma désormais autour de la capitale un bloc plus cohérent et plus difficile à entamer. La seconde chance de l'Empire, c'est que les Héraclides aient su renoncer au rêve universaliste de la dynastie justinienne et comprendre assez tôt qu'à cet État, remodelé par le nouvel équilibre politique de l'Asie antérieure, il fallait des institutions nouvelles.
À sa mort, Héraclius laissait un Empire amputé par les Arabes de l'Arménie, de la Mésopotamie, de la Syrie-Palestine et bientôt de l'Égypte ; les Balkans, submergés par les Slaves de la mer Noire à la Dalmatie, échappaient pour le moment à l'autorité impériale. Mais l'armature de l'État était bien plus forte que sous Justinien : la réforme administrative avait substitué aux anciennes provinces, trop petites et trop nombreuses, un système cohérent de thèmes ou divisions militaires, dirigés par des stratèges auxquels était subordonnée l'administration civile. La préfecture du prétoire, dangereuse par l'énormité de ses attributions, avait disparu, et ses services financiers avaient repris leur indépendance. Dans l'armée, l'importance des troupes mercenaires, peu sûres et très coûteuses, avait considérablement diminué par l'installation de soldats-paysans, les stratiotes, dans des « biens militaires », à eux concédés en échange d'un[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- José GROSDIDIER DE MATONS : maître assistant à l'École pratique des hautes études
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
BYZANCE, 330-1453 (exposition)
- Écrit par Christian HECK
- 1 037 mots
Du marbre représentant le monstre marin rejetant Jonas sur la rive à la plaque d'orfèvrerie de l'éclatant saint Michel archange et à l'icône de l'Échelle sainte de Jean Climaque, plus de trois cents objets ont exprimé, lors de l'exposition Byzance, 330-1453 (Royal Academy...
-
BYZANCE MÉDIÉVALE 700-1204 (A. Cutler et J.-M. Spieser)
- Écrit par Jean-Pierre SODINI
- 1 250 mots
La collaboration de deux grands spécialistes de Byzance a permis la mise au point d'un livre intelligent et vivant, qui renouvelle les vues routinières sur Byzance (coll. L'Univers des formes, Gallimard, Paris, 1996).
Une brève introduction souligne quelques constantes de l'âme byzantine....
-
ALBANIE
- Écrit par Anne-Marie AUTISSIER , Odile DANIEL , Encyclopædia Universalis et Christian GUT
- 22 078 mots
- 9 médias
...que l'Illyrie, christianisée dès le ier siècle (avec saint Asti à Durrës et saint Donat à Vlora), fournit, au iiie siècle, plusieurs empereurs. Comprise, en 395, dans l'empire d'Orient, elle fut ravagée par les invasions barbares avant que le déferlement slave des vie et viie siècles... -
ALP ARSLAN (1030 env.-1072) sultan seldjoukide (1063-1072)
- Écrit par Robert MANTRAN
- 328 mots
Après avoir montré ses qualités militaires dans des campagnes victorieuses en Afghanistan et en Iran, Alp Arslan succède vers 1060 à son père Tchaghri Beg au Khorassan, puis en 1063 à son oncle Toghroul Beg en Iran et en Irak. Ayant réussi à éliminer ses oncles et cousins, reconnu comme ...
-
ANASTASE LE BIBLIOTHÉCAIRE (810 env.-env. 880)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 455 mots
Linguiste distingué et cardinal de Rome né autour de 810, probablement à Rome (Italie), mort vers 880, Anastase le bibliothécaire est un conseiller politique influent des papes du ixe siècle.
Apparenté à un évêque italien et reconnu pour sa parfaite connaissance du grec, Anastase est nommé cardinal-prêtre...
-
ANNE COMNÈNE (1083-1148)
- Écrit par Pascal CULERRIER
- 564 mots
Fille aînée de l'empereur Alexis Ier (qui régna de 1081 à 1118), Anne Comnène, née en 1083, épousa le césar Nicéphore Bryennios et brigua en vain la couronne impériale. L'échec de ses ambitions politiques lui valut une retraite forcée qu'elle mit à profit pour reprendre un projet laissé...
- Afficher les 111 références